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Gérone dompte le Real Madrid au nom de la Catalogne

Le milieu Isco (c) ouvre le score pour le Real Madrid face à Gérone au stade Montilivi, le 29 octobre 2017  [Josep LAGO / AFP] Le milieu Isco (c) ouvre le score pour le Real Madrid face à Gérone au stade Montilivi, le 29 octobre 2017 [Josep LAGO / AFP]

Des Catalans ont triomphé de Madrid: le modeste promu Gérone a dominé le grand Real (2-1) dimanche pour la 10e journée du Championnat d'Espagne, une victoire historique et à la résonance très particulière sur fond de crise politique en Catalogne.

Deux jours après la déclaration d'indépendance unilatérale de la région, suivie d'une reprise en main par le gouvernement espagnol, impossible de dissocier ce match de la situation politique, alors que le public a scandé des slogans indépendantistes et agité des drapeaux catalans.

Et impossible aussi de ne pas s'inquiéter pour le Real de Zinédine Zidane (3e, 20 pts), qui pointe désormais à huit longueurs du leader Barcelone (28 pts), un gouffre.

Malgré l'ouverture du score précoce d'Isco (12e), Gérone a enflammé le petit stade de Montilivi (13.500 places environ) et joué un mauvais tour au champion d'Espagne en titre pour leur première confrontation officielle: Christian Stuani (54e) puis Portu (58e) ont assommé le Real, qui dispose pourtant d'un budget quinze fois supérieur (690 M EUR contre 40 M EUR).

Il faut nuancer ce tableau façon «David contre Goliath» car Gérone est partiellement sous le contrôle du riche club anglais de Manchester City, qui lui a prêté cinq joueurs cette saison.

Reste que les lacunes du Real commencent à être béantes: seulement six victoires en dix journées à ce stade. Et il n'est pas habituel de voir la «Maison blanche» souffrir comme dimanche, alors que se profile un match décisif mercredi en Ligue des champions contre Tottenham.

«Independencia»

On prédisait à l'équipe de la capitale espagnole un accueil bouillant dans ce fief du séparatisme catalan. Et certes, il y a eu en début de match des cris «Independencia» et «Llibertat», avec ça et là des drapeaux indépendantistes.

Mais, mis à part quelques sifflets à l'encontre de Cristiano Ronaldo, l'accueil a dans l'ensemble été plutôt festif, les supporters savourant la venue d'une équipe double championne d'Europe en titre sur leur terrain, cantonné jusque-là aux obscures joutes des catégories inférieures.

Sur la pelouse, les choses se sont rapidement corsées pour le Real: infatigable au pressing, Gérone a pris l'équipe merengue à la gorge et le latéral catalan Pablo Maffeo a lancé un avertissement en expédiant une frappe sur le poteau madrilène (12e).

Pourtant, c'est le Real qui a pris l'avantage sur l'action suivante, au bout d'une contre-attaque où Ronaldo a frappé, le gardien a repoussé et Isco a glissé la balle au fond (12e).

Mais cela n'a pas douché les ardeurs de Gérone et Portu a de nouveau trouvé le poteau sur une tête lobée (42e) qui a ensuite longé la ligne sans la franchir.

Varane blessé

L'une des clés de la rencontre a peut-être été la sortie sur blessure de Raphaël Varane, remplacé à la pause par Nacho (46e). Un coup dur pour le défenseur français, qui avait été plutôt bon jusque-là pour son 200e match officiel avec le Real, et un coup dur pour son équipe, soudain fragilisée derrière.

Et en l'espace de quatre minutes, Gérone a renversé le score: Stuani a conclu d'une frappe puissante une percée de Pere Pons (54e) puis Portu a doublé la mise d'une talonnade, peut-être en position de hors-jeu (58e).

Il restait une demi-heure au Real pour revenir. Mais contrairement à la saison dernière, où l'équipe de Zidane avait multiplié les incroyables remontées, la magie était cette fois du côté de Gérone.

Et Cristiano Ronaldo, encore trop maladroit, a très peu inquiété le gardien catalan. La star du Real ne compte qu'un seul but dans cette Liga, loin de ses standards habituels, ce qui interroge s'agissant du grand favori pour décrocher un cinquième Ballon d'Or en décembre.

Au coup de sifflet final, tout le stade a pu exulter, comme si son équipe avait conquis un titre.

Evidemment, ce n'est que du sport. Mais au pays du football-roi, la victoire du club favori du dirigeant indépendantiste Carles Puigdemont sur l'équipe préféré du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy devrait faire du bruit.

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