En direct
A suivre

Les émois du foot français, par Pierre Ménès

La célébration du Lyonnais Nabil Fékir dans le derby à Saint-Etienne a provoqué l’envahissement du terrain. La célébration du Lyonnais Nabil Fékir dans le derby à Saint-Etienne a provoqué l’envahissement du terrain. [Romain Lafabregue/Icon Sport]

Il y a des semaines où il ne se passe rien dans le joli monde du football. Et puis, il y a des semaines où c’est carrément le Bronx et où il y a quasiment un sujet par jour. Comme celle qui vient de s’écouler.

On a donc eu droit, par ordre d’entrée en scène, à la célébration controversée de Layvin Kurzawa en Ligue des champions, au coup de pied de karatéka de Patrice Evra en Ligue Europa à la démission de René Ruello de son poste de président du Stade Rennais, alors que le club breton venait de remporter sa quatrième victoire consécutive, à la célébration de Nabil Fekir dans le derby entre Saint-Etienne et Lyon à Geoffroy-Guichard, qui a entraîné l’envahissement du terrain. Quatre événements qui ont suscité de nombreuses réactions plus ou moins violentes et plus ou moins judicieuses.

Prenons donc les choses par ordre chronologique. Layvin Kurzawa. Critiqué depuis des mois, l’ancien Monégasque a inscrit un triplé contre Anderlecht au Parc des Princes et est devenu le premier défenseur de l’histoire à réussir cet exploit en Ligue des champions. Pourtant, après cela, beaucoup n’ont parlé que de la célébration de son premier but, où il a posé son index devant sa bouche pour faire taire les critiques à son égard. Les nombreuses critiques, le torrent de critiques même. Beaucoup plus que ce qu’un joueur peut sûrement supporter. Certes, l’international français n’a pas fait un début de saison fracassant, loin de là. Mais qu’on se serve d’une célébration, après tout assez humaine, pour continuer à le descendre, alors qu’il vient d’en planter trois, c’est incompréhensible.

Patrice Evra. Il ne faut pas avoir fait de hautes études de psychologie pour voir que ce garçon n’était plus dans son état normal depuis un moment. Il suffisait de voir ses fameuses vidéos du lundi chaque fois plus mégalo, plus ridicules. Comment l’OM n’a-t-il pas pu mettre le holà dans cette mascarade ? Moins il jouait, plus il faisait son buzz grotesque sur les réseaux sociaux. D’où la colère compréhensible des supporters marseillais. Ce qui l’est moins, c’est que des énergumènes fassent le déplacement de Marseille jusqu’à Guimaraes, au Portugal, pour descendre au bord du terrain, où ils n’avaient rien à faire, pour insulter gravement un joueur de leur propre équipe. Evra a craqué et a mis un coup de pompe à un «supporter». Il ne peut plus jouer à l’OM, tout le monde est d’accord là-dessus. Mais il faudra aussi se pencher sur ces gens qui se disent supporters et qui ne savent qu’insulter et mettre la pression sur les joueurs quand ça va moins bien pour eux. Et ça, c’est inadmissible.

Un énième projet au Stade Rennais

René Ruello. Après la victoire de Rennes sur Bordeaux en championnat (1-0), la quatrième de suite du club breton, le président a donc donné sa démission. Comme il l’a dit, il n’avait pas envie d’être «la reine d’Angleterre» d’Olivier Létang, nommé président délégué par la famille Pinault. La famille Pinault, vous savez, celle qui est bien plus riche que le milliardaire russe de Monaco (Dmitri Rybolovlev) et qui se satisfait d’avoir un club de Ligue 1. Il y avait un projet breton avec Christian Gourcuff au poste d’entraîneur et René Ruello. Il n’a pas tenu un an et demi. Quand on ne connaît rien au foot, on change d’avis tout le temps, c’est bien connu.

Nabil Fekir. Lyon s’est trimballé, dimanche, sur la pelouse de Geoffroy-Guichard pour signer un succès historique (0-5). Après avoir inscrit le cinquième but de l’OL, avec une facilité déconcertante face à un Stéphane Ruffier livré à lui-même, Fekir a enlevé son maillot pour montrer son nom aux supporters stéphanois, qui ont réagi avec une intelligence extrême en envahissant le terrain. Ce qui a entraîné l’interruption du match pendant de longues minutes. Et là, qu’est-ce qu’on n’a pas entendu sur l’irresponsabilité supposée du capitaine lyonnais. Donc, comme avec Kurzawa, au fond, on brûle un joueur sur sa célébration en laissant de côté sa performance sur le terrain. Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, à Santiago Bernabeu en plus, avaient déjà célébré un but de cette manière, et tout le monde avait trouvé ça génial. Surtout, pas un supporter n’avait tenté d’envahir le terrain. Mais, dans tous les cas, on est en France. Et c’est parfois bien lassant.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités