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Dopage : une athlète américaine contrôlée positive accuse un burrito

Shelby Houlihan aurait eu une chance de médaille aux Jeux olympiques de Tokyo cet été. [JASPER JACOBS / Belga / AFP]
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Une version surprenante. La coureuse américaine Shelby Houlihan a annoncé lundi sur Instagram avoir été suspendue quatre ans après un contrôle antidopage positif à la nandrolone, un stéroïde anabolisant. L'athlète de 28 ans nie avoir voulu se doper, invoquant un faux positif lié à... un burrito au porc.

Dans un long post Instagram, la recordwoman des Etats-Unis du 1.500 mètres et du 5.000 mètres, treize titres nationaux au compteur, explique avoir été avertie le 14 janvier dernier, via un e-mail de l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), de sa suspension provisoire immédiate à cause d'un test, réalisé mi-décembre, qui «était revenu avec un résultat analytique anormal concernant un stéroïde anabolisant appelé nandrolone».

«Je n'avais jamais entendu parlé de la nandrolone», un dérivé de la testostérone qui fait partie de la liste des produits interdits par l'Agence mondiale antidopage (AMA), assure l'athlète américaine, 4e au 1.500 mètres des championnats du monde à Doha (Qatar) en 2019.

En s'informant sur cette substance, Shelby Houlihan relate avoir appris que l'AMA «sait depuis longtemps que la consommation de porc peut entraîner un faux positif à la nandrolone, car certains types de porc en produisent en grande quantité». Elle s'est rendue compte que, quelques heures avant le test antidopage concerné, elle avait mangé un burrito au porc, acheté dans un food truck mexicain près de chez elle, dans l'Oregon. Pour elle, il s'agissait de «l'explication la plus probable» à son contrôle positif.

Elle en a alors informé l'AIU, mais le laboratoire a décidé de ne pas en tenir compte. De quoi rendre folle de rage la coureuse de demi-fond et de fond. «Il aurait pu signaler qu'il s'agissait d'un résultat anormal et effectuer d'autres tests.» Pour prouver son innocence, elle affirme être allée jusqu'à faire «analyser (ses) cheveux par l'un des plus grands toxicologues au monde». «L'AMA a reconnu que ce test prouvait qu'il n'y avait pas d'accumulation de cette substance dans mon organisme, ce qui aurait été le cas si j'en prenais régulièrement», indique-t-elle. Rien à faire, le laboratoire est resté inflexible, déplore-t-elle.

Privée des Jeux de Tokyo et de Paris en 2024

Son explication n'a pas convaincu non plus le Tribunal arbitral du sport (TAS), vers lequel elle s'est tournée pour faire appel de la sanction. Le 11 juin, l'instance l'a jugée coupable d'une violation intentionnelle des règles antidopage et condamnée à une suspension de quatre ans, qui privera l'athlète des Jeux olympiques de Tokyo cet été (23 juillet-8 août), ainsi que des suivants, à Paris, en 2024. Le TAS a estimé qu'elle n'avait pas «établi la source de la substance interdite».

«Je me sens complètement dévastée, perdue, brisée, en colère, confuse et trahie par le sport même que j'ai aimé et dans lequel je me suis investie», a-t-elle clamé, certifiant n'avoir «jamais pris de substances améliorant la performance».

Ses entraîneurs lui ont apporté leur soutien. «Avec chaque fibre de mon être, je sais que Shelby n'a pas triché et ne le ferait jamais», a écrit sur Instagram Shalane Flanagan, médaillée d'argent sur 10.000 mètres aux JO 2008 et qui entraîne désormais au sein du club de Shelby Houlihan, le Bowerman Track Club, situé à Portland (Oregon). «Je n'ai pas les mots pour exprimer la tristesse que je ressens en ce moment pour toi», a de son côté réagi son entraîneur Jerry Schumacher, s'en prenant au système de lutte antidopage, qui selon lui «ne protège plus les athlètes propres».

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