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Rugby : le témoignage poignant de Carl Hayman, ancien joueur de Toulon, victime de démence

Carl Hayman a longtemps joué au RC Toulon. [Icon Sport]

Atteint d'une démence précoce à seulement 43 ans, Carl Hayman, ancien international néo-zélandais et joueur de Toulon, a indiqué que son cerveau n'avait qu'une autonomie de 30%.

Un témoignage puissant. A seulement 43 ans, l'ex-All Black Carl Hayman est confronté aux premiers signes de démence, une pathologie qui affecte des centaines d'anciens joueurs de rugby qui ont saisi la justice.

«C'est comme voir au réveil que son téléphone n'est chargé qu'à 30% et savoir qu'il faudra tenir la journée avec, a-t-il indiqué à l’AFP. En gros, cela signifie que j'ai une quantité limitée d'énergie cérébrale par jour.»

Intrônisé au Hall of fame du RCT

L’ancien pilier néo-zélandais se plaint aujourd'hui de pertes de mémoires et a même confié des envies suicidaires en raison de la progression de sa maladie neuro-dégénérative. «C'est la meilleure façon de résumer ma situation et il faut en permanence faire attention à ce que vous faites et comment vous voulez dépenser cette énergie», poursuit celui qui était considéré à l'époque comme le meilleur au monde à son poste.

Comme lui, de plus en plus de joueurs de rugby - et d'autres disciplines - reconnaissent aujourd'hui souffrir de troubles neurologiques (lésion cérébrale permanente, démence précoce, épilepsie post-traumatique, maladie de Parkinson, dépression...) causés par la répétition des chocs durant leur carrière.

L'ancien joueur des All Blacks, des Highlanders, de Newcastle et de Toulon, où il est récemment revenu quelques jours pour célébrer son intronisation au Hall of fame, a disputé plus de 400 matches dans sa carrière, dont 45 avec sa sélection, avant de prendre sa retraite en 2015.

En compagnie d'anciens joueurs souffrant de troubles similaires comme l'ancien talonneur anglais Steve Thompson ou le 3e ligne gallois Alix Popham, il a également rejoint une action collective pour dénoncer l'inaction de différentes instances ces dernières années. «Je n'ai pas rejoint cette procédure juridique pour des raisons financières, mais pour voir ce sport changer de l'intérieur, s'est-t-il justifié. Pour que l'on s'occupe mieux des joueurs.»

Politique de l'autruche

Ces jours-ci, le RCT a célébré huit nouveaux joueurs qui ont marqué son histoire, dont l'ouvreur Jonny Wilkinson, et c'était l'occasion pour Hayman de revenir dans le Var. Une belle occasion également pour Hayman de se remémorer tous ses beaux souvenirs et ces trophées glanés avec Toulon, trois Coupes d'Europe arrachées (2013, 2014, 2015) et un sacre en Top 14 (2014). En dépit d'une mémoire qui s'estompe, le souvenir du premier titre continental de 2013, alors que le club était présidé par le fantasque éditeur de BD Mourad Boudjellal, reste lui bien vivace.

«Je me souviens de l'histoire de Mourad qui quitte le stade à vingt minutes de la fin», alors que Toulon est mené de neuf points par Clermont, a ainsi raconté Hayman. Mourad est en train de rentrer en taxi à l'hôtel quand Jonny inscrit une pénalité. Puis Delon Armitage passe un essai et on vire en tête. Il dit alors au chauffeur de faire demi-tour pour revenir au stade et je le revois à la fin du match courir les bras en l'air sur la pelouse. Après ça, les autres finales ont été un peu plus classiques.»

L'ancien pilier droit ne rit plus du tout lorsqu'il repense à la crise du Covid-19, alors que le moment était idéal pour réfléchir aux cadences infernales, et que les organisateurs du rugby n'ont jamais réussi à s'accorder sur un calendrier mondial qui proposerait moins de matchs aux joueurs pour moins les exposer.

«Est-ce-que c'est censé de jouer dix mois dans l'année ? Est-ce-que les joueurs devraient jouer chaque week-end, chaque année pendant dix mois ?, s'interroge Hayman, qui vend aujourd'hui des excursions en bateau en Nouvelle-Zélande. J'ai ma petite idée parce que j'ai fait partie de tout ça. Toutes ces discussions devraient avoir lieu le plus tôt possible, sinon ce sera préjudiciable à notre sport. Je ne pense pas que ce chemin sera parcouru en cinq mois mais ce serait super car ce sujet reste un peu un tabou dans le sport et tout le monde fait l'autruche.»

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