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L'exemple de l'ouverture du capital de Sharp

L'entrée du fabricant taiwanais Hon Hai dans le capital de Sharp pourrait montrer la voie à d'autres groupes d'électronique nippons en difficulté, estiment des analystes[AFP/Archives]

L'entrée du fabricant taiwanais Hon Hai dans le capital de Sharp pourrait montrer la voie à d'autres groupes d'électronique nippons en difficulté, estimaient des analystes au lendemain de l'annonce de cet accord.

Le titre de la firme japonaise a bondi mercredi de 15,15%, à 570 yens, terminant au plafond autorisé par les autorités boursières pour la journée. Mardi, Sharp a révélé que Hon Hai, dont le nom commercial est Foxconn, allait devenir son premier actionnaire, avec 9,9% du capital.

Sharp va émettre quelque 121 millions d'actions qui seront rachetées entre le 31 mai 2012 et le 26 mars 2013 par quatre entreprises du groupe Hon Hai, au tarif unitaire de 550 yens, soit une transaction totale de 66,9 milliards de yens (environ 600 millions d'euros au taux de change actuel).

Autrefois conquérants, les fabricants japonais d'électronique sont pris en étau entre le développement des capacités productives de leurs concurrents asiatiques et l'inventivité de leurs adversaires américains en terme de gadgets et logiciels.

Longtemps rétives à ouvrir leur capital à l'étranger, plusieurs firmes nippones ont sauté le pas récemment : NEC a accepté de fondre son activité PC dans une coentreprise ad-hoc avec le chinois Lenovo, dont le compatriote Haier a racheté une partie des activités d'électroménager de Sanyo, filiale du géant nippon Panasonic.

Diana Wu, de Capital Securities, a jugé que l'accord "gagnant-gagnant" Sharp-Hon Hai offrait "un remède nécessaire à une industrie des écrans en difficulté".

"Sharp va non seulement lever des fonds avec cette opération, mais il pourra abaisser ses coûts de production", a-t-elle souligné.

La trésorerie de Sharp appréciera, au moment où le groupe nippon s'apprête à subir une perte nette record de 290 milliards de yens (2,64 milliards d'euros) pour l'année budgétaire 2011-2012 achevée au 31 mars.

L'alliance prévoit notamment que le groupe taiwanais, premier fabricant mondial de composants pour ordinateurs, prendra 46,5% des parts de l'usine ultra-moderne de dalles d'écrans cristaux liquides (LCD) exploitée par Sharp à Sakai (ouest du Japon), spécialisée dans les grands formats.

Le groupe nippon peine à rentabiliser ce site depuis son lancement en octobre 2009 et avait été récemment contraint de diminuer sa production de moitié, par manque de clients.

"On peut espérer la fin de la sous-utilisation des capacités" de cette usine stratégique, "cause d'incertitude pour les revenus" de Sharp, a estimé le groupe de services financiers Nomura dans une note à ses clients.

Hon Hai, de son côté, devrait pouvoir profiter de davantage de commandes de télévisions "classiques" de la part de Sharp, qui a décidé de délaisser cette activité, pas rentable, au profit des grands formats d'un côté, et des petits et moyens écrans pour appareils nomades, notamment smartphones et tablettes numériques, de l'autre.

Comme Sharp, les deux géants nippons de l'électronique, Sony et Panasonic, s'attendent à de lourdes pertes annuelles, notamment en raison des déficits subis par leurs activités de télévision, confrontées à la flambée du yen et à une concurrence étrangère effrénée responsable d'une chute des prix.

Les fabricants nippons se plaignent aussi de toute une série de désavantages nationaux --coût du travail et de l'électricité, notamment depuis l'accident nucléaire de Fukushima, manque d'accords de libre-échange avec les grandes puissances commerciales-- s'estimant pénalisés par rapport aux sud-coréens, Samsung en tête.

Au-delà des bénéfices de court terme pour Sharp de son entente avec Hon Hai, le groupe nippon devra néanmoins, comme ses compatriotes du secteur, retrouver le chemin de l'innovation, a estimé Nobuo Kurahashi, de Mizuho Investors Securities.

"Ils doivent trouver le moyen de transformer leur haute technologie en produits et services à haute valeur ajoutée. S'il n'y arrivent pas, leurs rivaux étrangers le feront à leur place", a-t-il prévenu

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