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Thimbleweed Park, Full Throttle… Les point n' click ont la vie dure

Thimbleweed Park se réclame de l'héritage du célèbre Maniac Mansion. [© Terrible Toybox]

Portés au pinacle par les studios LucasArts de la fin des années 1980, les «point n' click» restent un genre encore chéri par toute une génération de joueurs.

Les sorties récentes du remake de Full Throttle (1995) et de l'inédit Thimbleweed Park viennent encore titiller cette fibre nostalgique de l'âge d'or du jeu d'aventure où il fallait pointer avec la souris et cliquer à l'écran, ce qui leur a donné leur nom. Quel gamer de plus de 30 ans ne se souvient pas des péripéties du pirate Guybrush Threepwood dans la saga Monkey Island ? Des répliques cinglantes du duo Sam and Max ? Ou des vannes des nerds de Day of the Tentacle ? Autant de petits bijoux vidéoludiques dont se réclament les héritiers de ce genre tombé en désuétude dans le courant des années 2000, avant de vraiment renaître grâce au marché du jeu indépendant.

C'est dans cette logique que les développeurs stars de l'époque LucasArts, Ron Gilbert et Gary Winnick, ont créé Thimbleweed Park, via le studio Terrible Toybox. Après avoir lancé une campagne Kickstarter en 2014, leur projet a récolté quelque 620.000 euros sur les 370.000 escomptés. Un véritable plébiscite porté par plus de 15.600 joueurs prêts à mettre la main à la poche pour aider à développer ce qui s'annonçait comme un jeu hommage à Maniac Mansion (1987).

Disponible depuis le 30 mars dernier sur Xbox One, PS4, PC et smartphones (iOS), le titre invite à plonger dans une enquête farfelue sur de mystérieux meurtres commis dans le tout petit village de Thimbleweed Park et ses quatre-vingts âmes. Graphismes en 2D pixélisée, énigmes tordues, humour au vitriol, répliques bien senties, menus contextuels à l'ancienne... Tout ici respire le bon vieux point'n click. Le duo Ron Gilbert et Gary Winnick se paie même le luxe de créer une superbe galerie de personnages, qui marqueront les esprits, grâce à un scénario bien écrit.

Un peu de charme et beaucoup de stupidité

Le duo d'auteurs a donc tenu à conserver toute la recette qui avait fait le succès de leurs anciens titres. Et pour Ron Gilbert, le secret réside «dans le désir des joueurs nostalgiques de retourner vers des choses simples». «Beaucoup de joueurs qui aiment encore aujourd'hui les jeux 8-bit se réfèrent à cette époque en parlant de titres plus simples et bourrés de charme, souligne-t-il dans une interview au site Game Industry. Pour Thimbleweed Park nous voulions recréer ce sentiment. Je pense également que les point'n click des années 1990 sortaient des rails suivis pas les jeux d'aventures traditionnels. Il y avait ces énigmes stupides que les joueurs aimaient résoudre !».

Autre témoin du jeu d'aventure à la sauce LucasArts, Full Throttle et son ambiance «biker au sang chaud» revient sur le devant de la scène. Il est ainsi disponible sur PS4 et PC depuis ce mardi 18 avril. À l'instar des Monkey Island, Grim Fandango et Day of the Tentacle, qui ont tous eu droit à leur versions HD dépoussiérées, Full Throttle, sorti en 1995, est l'un des derniers représentants des jeux pensés par ces Monty Python du jeu vidéo. On replonge d'ailleurs avec un petit plaisir coupable dans les mésaventures de Ben, motard peu commode, embarqué dans une sorte de road movie rocambolesque au cœur de l'Amérique des années 2040.

Les plates-formes digitales ont permis à des jeux de niches de devenir viables, voire rentables.Ron Gilbert

Longtemps reniés par les grands studios qui n'y voyaient que des titres peu rentables, les point'n click regagnent aujourd'hui leurs lettres de noblesse grâce au marché dématérialisé. «Les jeux qui ont toujours été adressés à un marché de niche deviennent aujourd'hui viables, voire rentables, en raison de la possibilité de les vendre via des plates-formes digitales à des prix intéressants, tandis que les outils nécessaires à leur développement sont aussi plus accessibles», poursuit Ron Gilbert. En outre, il s'agit également d'un genre de jeu qui peut être réalisé avec des équipes restreintes, là où les superproductions actuelles impliquent d'employer plusieurs centaines de salariés. Des jeux comme Maniac Mansion ou Monkey Island étaient d'ailleurs autrefois réalisés par de petites équipes réunissant trois à sept personnes.

Une stratégie adoptée par des studios ou des éditeurs peu connus qui fournissent régulièrement des point'n click aux plates-formes Steam ou GOG, notamment. A l'instar de Wadjet Eye Games ou Devolver Digital qui défendent le genre, tout en gardant l'esprit un peu punk de la belle époque LucasArts, dont les regrettés studios ont fermé en 2013.

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