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Euro numérique : ce que l’on sait du projet de monnaie électronique, actuellement en «phase préparatoire»

D'après les chiffres de la BCE, l'argent liquide ne représentait plus que 42% des transactions réalisées par les consommateurs de la zone euro en 2022, contre 54% en 2016. [Daniel ROLAND / AFP]

Ce mercredi 18 octobre, la Banque centrale européenne a annoncé le lancement d'une phase préparatoire de deux ans pour décider ou non de la création de l'euro numérique.

Bientôt des euros numériques pour concurrencer les cryptomonnaies, comme le Bitcoin ? Pour répondre à la dématérialisation croissante des paiements et à la multiplication des monnaies électroniques, la Banque centrale européenne (BCE) envisage la création d'un euro numérique. Mercredi 18 octobre, l'institution a annoncé le lancement de «la phase préparatoire» du projet, qui doit durer deux ans.

Cette décision ne constitue pas un feu vert à la création de cette monnaie, elle ouvre seulement une phase de tests et d'expérimentations. L'euro numérique ne pourra réellement voir le jour que lorsque le processus législatif de l'Union européenne sera achevé, c'est-à-dire quand les autorités européennes, Parlement, Commission, Conseil, Eurogroupe, se seront prononcés sur le statut de cette monnaie.

Dans un communiqué, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a dit envisager l'euro numérique «comme une forme numérique d'espèces qui pourrait être utilisé pour tous les paiements numériques, gratuitement, et qui garantirait le plus haut niveau de confidentialité».

Ce projet a été imaginé en raison de la diminution continuelle des réglements en espèces. D'après les chiffres de la BCE, l'argent liquide ne représentait plus que 42% des transactions réalisées par les consommateurs de la zone euro en 2022, contre 54% en 2016. L'institution assure néanmoins que l'euro numérique n'a pas vocation à se substituer à l'argent liquide mais plutôt à exister en parallèle. Une nouvelle série de billets de banques est d'ailleurs en préparation actuellement.

Cette monnaie virtuelle pourrait servir de plate-forme permettant aux intermédiaires financiers européens d'offrir des services de paiements disponibles dans toute la zone euro. Elle fonctionnerait comme une alternative sur un marché européen des paiements par carte dominé par Visa et Mastercard, dont les cartes ne sont pas acceptées partout.

Des enjeux de souveraineté

Les ménages et entreprises pourront détenir directement leurs euros numériques chez les banques commerciales et cet argent sera garanti, quelque soit le montant, en cas de crise financière. L'euro numérique a été pensé comme un moyen de paiement et non comme une forme d'investissement ou d'épargne, à l'image des cryptomonnaies. Il pourra être utilisé partout dans la zone euro, en magasin, en ligne ou entre particuliers.

Pour Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, l'idée d'un euro numérique repose également sur des enjeux de souveraineté puisque cette monnaie renforcerait selon lui  «l'efficacité des paiements européens et contribuerait à l'autonomie stratégique de l'Europe».

Ce projet intervient en effet à un moment où une centaine de banques centrales dans le monde travaillent aussi à l'émission de leur propre monnaie digitale. C'est le cas en Chine, au Royaume-Uni mais aussi aux Etats-Unis et la BCE craint de voir la multiplication de ces monnaies virtuelles saper l'influence de la monnaie unique européenne.

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont exprimé des doutes concernant la confidentialité de l'euro numérique, craignant qu'il permette une surveillance généralisée des citoyens, à travers le contrôle des achats et transactions financières. La BCE a garantit qu'elle n'aurait pas accès aux données à caractère personnel mais l'euro numérique ne pourra toutefois pas offrir le même anonymat que l'argent liquide, pour des raisons de lutte contre la criminalité financière.

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