Coline Fay était incarcérée depuis sa participation au mois de novembre 2023 à une manifestation de soutien à l’opposant Ousmane Sonko. Elle a été libérée et expulsée vers la France dans la nuit de jeudi à ce vendredi.
La jeune femme de 26 ans était accusée de «complot contre l’autorité de l’État» et «actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique». Elle avait été de nouveau inculpée la semaine dernière pour «tentative de sortie irrégulière d’une correspondance», après avoir tenté de faire passer un courrier destiné à son frère lors d’une visite en prison.
«Coline Fay est expulsée», a déclaré l’avocat Me Cheikh Koureyssi Ba à l’AFP dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 janvier, assurant qu’elle avait été victime de «poursuites circonstancielles à la limite du ridicule». L’information a été confirmée par un autre de ses conseils en France, Me Juan Branco, qui a garanti que la jeune femme de 26 ans devait arriver ce matin à Paris.
L’ancienne prisonnière était partie travailler au Sénégal en tant que kinésithérapeute dans un centre pour femmes enceintes. Elle s’était engagée avec le mouvement écologiste Extinction Rebellion lors de ses études en Espagne. Le 17 novembre 2023, elle participait à une manifestation de soutien à Ousmane Sonko, principal opposant politique de l’actuel président sénégalais Macky Sall. C’est à ce moment-là qu’elle avait été interpellée et incarcérée.
«Une fille résiliente»
«C’est un ouf de soulagement», a réagi Me Ba à l’annonce de la libération de Coline Fay, précisant qu’elle était «sous la responsabilité des forces de l’ordre» jusqu’à son arrivée en France, mais sans la présence de ses avocats. La jeune femme «a le moral», a ajouté son avocat, assurant que c’était «une fille résiliente».
Depuis son incarcération, plusieurs rassemblements de dizaines de personnes à l’initiative des proches de la jeune femme s’étaient tenus à Grenoble (Isère), sa commune d’origine. Le dernier avait eu lieu samedi 13 janvier dernier.
L’ancienne ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna avait été interpellée au mois de décembre par l’avocat de l’ex-détenue, Juan Branco, et deux députés de gauche, l’écologiste Aurélien Taché et l’Insoumise Sophia Chikirou. Le gouvernement français avait pressé les autorités sénégalaises pour faire libérer la Française de 26 ans.
Les avocats de Coline Fay comptent aussi parmi ceux de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, actuellement emprisonné et condamné à deux ans de prison depuis juin dernier après avoir été déclaré coupable de débauche de mineure. Il avait été écroué au mois de juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État.
Selon Ousmane Sonko, ces affaires judiciaires sont un complot pour l’empêcher de participer à l’élection présidentielle de février 2024. Ce que le pouvoir sénégalais dément.