Inflation : à quelle hausse des prix s’attendre dans les supermarchés dans les prochaines semaines ?

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Alors que les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs se sont achevées mercredi 1er mars, la hausse des prix dans les supermarchés français pourrait atteindre 10% en un an. Les premières estimations se situent toutefois entre 4 et 7% d’ici à juin prochain.

Le pouvoir d’achat des Français a nouveau menacé. Alors que les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs se sont achevées mercredi 1er mars au soir, la hausse des prix dans les supermarchés français pourrait s'envoler.

Alors qu'une augmentation moyenne de 10% a été évoquée, l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) table plutôt sur une hausse comprise entre 4 et 7% d’ici à juin prochain (par rapport à février 2023). Une conséquence directe de l’inflation galopante en France, de l'ordre de 6,2% sur un an en février dernier, selon l'Insee.

Toutefois, des différences seront notables selon les enseignes, les marques et les catégories de produits vendus.

«Les grandes marques ont demandé entre 10 et 20% de hausse mais pour les PME c'est plutôt entre 6 et 9%. De plus, un tiers des produits vendus sont des marques de distributeur qui ne sont pas sur ce modèle des négociations annuelles. Et enfin, 15% des produits de grande consommation ne sont pas alimentaires et sont moins inflationnistes», a nuancé Emily Mayer, experte des produits de grande consommation pour l’IRI, dans la presse.

«Pas de "mars rouge"» selon Bruno Le Maire

En marge d’un déplacement au Salon de l’agriculture ce jeudi, Bruno Le Maire a néanmoins tenu à mettre fin au catastrophisme en la matière.

«Il ne doit pas y avoir et il n’y aura pas de "mars rouge". Je réfute cette expression qui fait peur aux Français. C’est une expression commode pour dissimuler des hausses qui pourraient ne pas avoir lieu. Je veux mettre en place des mesures qui protègent le pouvoir d’achat de nos compatriotes et qui reposent sur un engagement des distributeurs et des gros industriels», a assuré le ministre de l’Economie.

Pour préserver le pouvoir d’achat des Français, le locataire de Bercy a rappelé son ambition de parvenir à «un accord collectif dans les prochains jours sur un certain nombre de produits aux prix les plus bas possible». Le ministre a fixé la date du 15 mars prochain pour une mise en application de l’accord évoqué.

Des industriels comblent la baisse de leurs profits

Toutefois, les professionnels de l’agroalimentaire continuent d'anticiper sur des hausses importantes concernant la tarification de certains produits. «Plus 15% de prévision à la hausse pour 2023, c’est 510 euros de plus par foyer sur un an (…) Dans le détail, il y a une hausse attendue de 21% sur le sucre, 19% sur les œufs et 30% sur les steak hachés», a analysé Pascal de Lima, chef économiste chez CGI Consulting, pour CNEWS.

S’il a pointé du doigt l’impact de l'augmentation des tarifs des matières premières dans le domaine de l’alimentaire, l’expert a aussi évoqué le «ralentissement de profits» des industriels. Pour rattraper ce manque à gagner, certains d’entre eux ont décidé d’augmenter drastiquement leurs prix, ce qui se répercute pour les consommateurs dans les supermarchés.

«L’industrie accuse des pertes importantes, qui sont en fait des ralentissements de profits. Ce ne sont pas vraiment des pertes, c’est juste que leurs profits ont un peu baissé. Ils doivent donc répercuter leurs prix sur la grande distribution pour bon nombre d’entre eux. Il ne faut pas exclure pour certains un opportunisme et des effets d’aubaine», a aussi détaillé l'économiste Pascal de Lima.

Les supermarchés discount en plein essor

Dans ce contexte, l’enseigne Toujust !, basée sur un nouveau modèle de supermarché discount, a ouvert ses portes ce mercredi 1er mars à Alès (Gard). Son fondateur, Fabrice Gerber, a pour objectif de proposer des prix cassés, allant de 5 à 10% moins élevés que dans une grande surface classique.

«Chez nous, le fournisseur est actionnaire de l’entreprise donc on est les premiers distributeurs en France à proposer cette démarche. Nous avons la possibilité d’échanger directement, sans aucune intermédiaire, avec les différents acteurs», a expliqué Fabrice Gerber, le fondateur de Toujust ! sur CNEWS.

D’autres supermarchés ont opté pour cette stratégie visant à faire baisser les prix, à l’image de Primaprix, Tedi ou encore Atacadao. Ces derniers ont prévu de s’implanter progressivement dans le paysage français au cours des prochains mois. Concernant Toujust !, l’enseigne a prévu de déployer 300 magasins sur le territoire dans les cinq prochaines années.

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