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Un musée sur la bataille d'Alésia inauguré dans la polémique

Après plus de 2.000 ans, la polémique n'est pas éteinte. Alors qu'un "MuséoParc" sur la bataille d'Alésia est inauguré en Côte-d'Or avec caution officielle, des historiens plaident pour une localisation du site dans le Jura à la lumière de nouveaux éléments.[AFP]

Après plus de 2.000 ans, la polémique n'est pas éteinte. Alors qu'un "MuséoParc" sur la bataille d'Alésia est inauguré en Côte-d'Or avec caution officielle, des historiens plaident pour une localisation du site dans le Jura à la lumière de nouveaux éléments.

Exceptés les audioguides et quelques détails manquants, en cette mi-mars, tout est presque prêt pour accueillir les 150.000 visiteurs attendus chaque année au centre d'interprétation d'Alésia à Alise-Sainte-Reine, à une heure de Dijon.

Inauguré le 22 mars et ouvert au public à partir du 26, ce "MuséoParc" a pour vocation "de rendre compréhensible un évènement majeur de l'Histoire de France dont il ne reste pas grand chose", explique François Sauvadet, ministre de la Fonction publique et président du conseil général de Côte-d'Or, principal financeur du projet.

Ainsi, un bâtiment cylindrique revêtu d'un maillage en bois, situé au milieu d'une vaste plaine et signé par l'architecte Bernard Tschumi (concepteur du Parc de la Villette à Paris et du récent musée de l'Acropole à Athènes), vise à placer le public "dans la position de l'assiégeur".

A l'intérieur, dans un décor de béton apparent, le visiteur évolue entre objets antiques originaux et fac-similés, films, maquettes, bornes interactives et reconstitutions de machine de guerre. Au sommet, depuis la terrasse circulaire plantée de bouleaux et de chênes, il peut observer la reconstitution de deux lignes romaines à l'extérieur.

Afin de compléter le dispositif (coût total: 52 millions d'euros), un musée archéologique verra le jour à l'horizon 2016 sur un site qui doit aussi devenir "une locomotive" du développement touristique dans cette partie de la Bourgogne moins fréquentée que celle des vignobles, plus au sud.

Loin de calmer les esprits, cette ouverture redonne de la voix à certains historiens qui contestent la thèse officielle localisant en Côte-d'Or le site du célèbre siège de l'an 52 avant Jésus-Christ. Et 2064 ans après, la polémique est toujours vivace.

Depuis le milieu du XIXe siècle et la campagne de fouilles archéologiques lancée par Napoléon III, la localisation "du mythe fondateur de la Nation française" suscite des vocations. Jusqu'à une quarantaine de sites, basés un peu partout en France, en revendiquent alors la paternité.

Danielle Porte, latiniste et historienne, chef de file des partisans du site de Chaux-des-Crotenay, dans le Jura, annonce qu'elle dévoilera, le 19 mars à Paris, de récentes "photos aériennes par caméra laser LIDAR".

Ce procédé permet de prendre des photos de la topographie du site sans la végétation et les habitations, de sorte que seul le sol, nu, apparaît. "Le résultat est probant", affirme-t-elle à l'AFP, promettant des "éléments scientifiques incontournables".

"Les Bourguignons bétonnent leur position, mais pour nous la bataille ne fait que commencer", tonne-t-elle.

Depuis les recherches du professeur André Berthier dans les années 1960, ce village du Jura se pose en concurrent du site "officiel" d'Alésia.

Décédé depuis, il était parti des récits de César dans "La guerre des Gaules", avait étudié des dizaines de cartes d'état-major, puis confronté son hypothèse à des sondages sur le site, les fouilles étant alors interdites.

En face, Claude Grapin, conservateur en chef du MuséoParc Alésia, déplore "un discours non renouvelé depuis le Second Empire".

Pour les directions régionales des affaires culturelles (Drac) de Franche-Comté et de Bourgogne, représentantes du ministère de la Culture, "le débat n'a plus lieu d'être. La communauté archéologique, en France et à l'étranger, s'accorde à dire qu'Alésia est en Côte-d'Or".

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