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Wajdi Mouawad "seul" en scène au Théâtre national de Chaillot

Le Canadien d'origine libanaise, Wajdi Mouawad dans la pièce "Seuls", présentée le 19 juillet 2008 à Avignon [Michel Gangne / AFP/Archives] Le Canadien d'origine libanaise, Wajdi Mouawad dans la pièce "Seuls", présentée le 19 juillet 2008 à Avignon [Michel Gangne / AFP/Archives]

Wajdi Mouawad, auteur de vastes fresques qui ont marqué le festival d'Avignon en 2009 (Littoral, Incendies etc.), revient cette fois dans le plus simple appareil sur le plateau du théâtre national de Chaillot avec "Seuls", un spectacle émouvant et drôle à la fois.

C'est en caleçon qu'il passe l'essentiel de ce solo, dans le rôle d'Harwan, libanais qui a fui - comme lui - avec sa famille son pays sous les bombes pour vivre en exil au Québec.

Harwan tente de terminer une thèse sur Robert Lepage, monstre sacré du théâtre québécois. "Et c'est à partir de là, déjà, que ça commence à chier, car, malgré la richesse de mon sujet, je me sens dans l'obligation de m'arrêter ici, n'ayant pas trouvé ma conclusion, ce qui, en d'autres termes, mesdames et messieurs, signifie que je suis plutôt ++pogné++ dans une grosse ++marde++ puisque je commence à comprendre qu'il n'existe sans doute pas de conclusion à ma thèse, cette hostie de thèse reposant finalement sur une théorie qui est en train de totalement crisser le camp, tabernac!"

On rit, bien sûr, même si les interrogations de Mouawad, sur l'exil, la mémoire, la communication ratée avec le père, l'enfance, sont plutôt graves.

Le monologue créé en 2008 s'appuie sur une "polyphonie d'écritures": projections vidéo, photos (l'enfant aux grand yeux rêveurs qu'il a été) montages sonores, musiques (Fayrouz, Mohammed Abd-Em-Wahab).

A la fin, une question: "Comment dit-on mémoire en arabe?" Mais cette mémoire, ce n'est pas seulement celle du pays, de l'identité, de la langue, c'est aussi celle de l'enfance.

"Rien ne me déprime plus que lorsque l'on me demande pourquoi je suis si obnubilé par la question de l'identité", a-t-il expliqué dans un entretien qui accompagne la pièce. "Je dirais que je suis beaucoup plus habité par la peur et la crainte de perdre la passion et la pureté qui m'habitaient lorsque j'étais adolescent".

Cette question là nous touche tous, comme nous émeut la vision de l'enfant qui comptait les étoiles dans le jardin de la maison libanaise, et qui habite toujours l'adulte, sous les oripeaux du clown triste.

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