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"Nebraska", un road movie au coeur de l'Amérique rurale

Alexander Payne (à gauche), Bruce Dern et sa fille Laura Dern, le 23 mai 2013 à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP] Alexander Payne (à gauche), Bruce Dern et sa fille Laura Dern, le 23 mai 2013 à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP]

"Nebraska", road movie mélancolique aux dialogues décapants signé Alexander Payne, dévoilé jeudi en compétition officielle à Cannes, traverse une Amérique rurale économiquement déprimée en suivant un vieil homme qui n'a plus toute sa tête et un fils qui va lui prouver son amour.

Splendidement tourné en noir et blanc, l'aventure démarre dans le Montana sur une image du vieillard (Bruce Dern) marchant désarticulé le long d'une route enneigée en direction du Nebraska pour toucher le gros lot d'un million de dollars promis dans un improbable courrier.

Sa famille, fatiguée de ses dangereuses pérégrinations et de son idée fixe, songe à le placer en maison de retraite. L'un de ses fils (interprété par Will Forte) l'emmènera chercher son hypothétique chèque et vivre pleinement son fantasme l'espace de quelques jours.

"Tu sais ce que je ferais avec un million de dollars ?"

Tourner en noir et blanc colle visuellement avec "l'austérité des vies des personnages", explique le réalisateur.

"Je prends ma caméra dans la campagne et je la pointe vers les choses que je trouve", précise Alexander Payne, qui se défend de vouloir documenter une économie qui tangue.

Il y a neuf ans, il est tombé amoureux du scénario ciselé et souvent très drôle de Bob Nelson. "Tu boirais aussi si tu étais marié à ta mère", lance le père à son fils.

"Tu sais ce que je ferais avec un million de dollars ? Je le mettrais dans une maison de retraite!", attaque la mère (June Squibb), hilarante mauvaise langue du film qui dit tout ce qu'elle pense.

L'équipe du film "Nebraska", le 23 mai 2013 au 66e Festival de Cannes [Valery Hache / AFP]
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L'équipe du film "Nebraska", le 23 mai 2013 au 66e Festival de Cannes
 

Un Midwest un peu sinistré

"Nebraska" tourné dans les grandes plaines du "Middle West" à travers quatre Etats nous livre une galerie de portraits de l'Amérique profonde un peu sinistrée : taiseux devant leur téléviseur et leurs assiettes bien remplies, mais subitement volubiles en entendant parler du gros lot.

Le père nonchalant et alcoolique s'est peu occupé de son fils, petit employé d'un magasin d'électronique en manque de clients, à la vie monotone. Le film parle avec délicatesse de ce moment de la vieillesse et de la sénilité naissante où les rôles s'inversent.

Au cours d'une étape forcée du voyage, le père retrouve sa petite ville natale en déclin et des souvenirs enfouis, tandis que des vieilles connaissances révèlent au fils quelques secrets intimes. La relation père-fils s'épaissit.

Le film décline de manière douce-amère les thèmes de la mémoire sélective, des illusions, de l'amour familial, de la dignité.

Bruce Dern, 76 ans, qui a tourné avec Kazan, Hitchcock, Coppola et Tarantino, a encensé "le sens du risque" d'Alexander Payne qui a déjà tourné avec sa fille, l'actrice Laura Dern.

Le réalisateur confie à l'AFP avoir eu quelques discussions avec la Paramount sur ce tournage en noir et blanc, potentiellement moins distribué (budget de 13,6 millions de dollars). "Ils ont fait un pari sur moi et m'ont fait confiance", a-t-il souligné.

Le réalisateur de 52 ans né dans le Nebraska et qui a terminé le film vendredi dernier, révèle "déteste(r) filmer dans des voitures". "Mais j'aime le voyage, voir le monde. Les films ont besoin d'une impulsion, d'aller quelque part".

C'est un autre road movie qui lui a valu un oscar du meilleur scénario en 2005 : "Sideways", retraçant l'itinéraire de deux amis sur la route des vins en Californie.

Un prix obtenu aussi en 2012 pour son avant-dernier film "The descendants", qui raconte le bouleversement de la vie d'un riche propriétaire à Hawaï (George Clooney) après l'accident de son épouse.

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