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Casse-tête chinois : l'interview croisée de Duris et Klapisch

Romain Duris et Cédric Klapisch. [ROBYN BECK / ROMAIN PERROCHEAU / AFP]

Onze ans après L’auberge espagnole et huit ans après Les poupées russes, Romain Duris, alias Xavier, revient en quadra désemparé, séparé et père de deux enfants, dans Casse-tête chinois, le nouvel et dernier acte de la trilogie de Cédric Klapisch. Entouré des trois femmes qui ont marqué sa vie, son ancienne compagne Wendy (Kelly Reilly), son ex Martine (Audrey Tautou) et sa meilleure amie Isabelle (Cécile de France), le héros tente de retrouver un équilibre à New York. Le réalisateur et son acteur fétiche reviennent ensemble sur cette aventure humaine et cinématographique.

 

Quand avez-vous décidé de réaliser ce troisième volet ? 

Cédric Klapisch : Le déclic s'est produit à la fin des Poupées russes il y a près de huit ans. Je me suis dit que ça valait le coup de faire ce troisième volet. 

 

Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

C. K : Je voulais prendre en compte le temps qui passe. Si j'avais attendu trois ou cinq, cette suite n'aurait pas eu d'intérêt. Je savais que la question d'être parent serait importante dans ce film. J'ai donc attendu que Romain, par exemple, ait lui-même des enfants. J'ai ensuite jeté toutes les notes que j'avais pu prendre pendant près de huit ans et j'ai réécrit mon script. A l'exception de la scène où Xavier est perdu dans Manhattan. 

 

Est-ce plus difficile d'écrire une suite ? 

C. K : Il y a eu beaucoup de pression, moins de naïveté dans l'écriture, car je suis conscient, tout comme Romain, que ce nouveau film est très attendu par le public. Les spectateurs sont impatients de savoir ce que sont devenus Xavier, son ex Martine, sa meilleure amie Isabelle ou sa compagne Wendy. J’avais peur de faire le film de trop.

 

Romain Duris, comment se sont passées vos retrouvailles avec Xavier ? 

Romain Duris : Extrêmement bien (rires). C'est très rare au cinéma de pouvoir faire évoluer un personnage, contrairement aux séries télévisées. Xavier est quelqu'un qui ne triche pas et ne cache rien, ce qui le rend attachant. On comprend très vite ce qu'il ressent et les spectateurs peuvent ainsi se retrouver en lui. Pour cette troisième partie, il fallait trouver le ton juste pour ne pas le rendre "bébête". Il ne pouvait rester un éternel adolescent à quarante ans. 

 

Dans Casse-tête chinois, on ne retrouve pas tous les personnages qui ont fait le succès de deux premiers volets ?

C. K : J’ai rapidement compris que je ne pourrais pas tous les faire revenir…

R. D : C’est dommage, j’aurais aimé retrouver William, le frère de Wendy. Mais c’est personnel. Cela n’aurait pas semblé réaliste que toute la bande de copains soit de passage à New York au même moment. A moins d’organiser une fête de mariage ou d’anniversaire.

 

Xavier est-il le symbole d'une génération ? 

R. D : Xavier vit dans son époque. Je connais plein de gens qui ne sont pas des Xavier mais qui ont, un jour ou l’autre, été confrontés aux mêmes situations comme un déménagement, une rupture amoureuse ou la recherche d'un nouveau travail. Ce triptyque met en scène une génération qui a dix ans de retard sur celle de ses parents et qui est attirée par la culture du voyage.

 

Cédric Klapisch, pourquoi avoir choisi New-York comme lieu de tournage ? 

C. K : New-York est une métaphore de l'existence de Xavier. Cette ville quadrillée, en apparence bien rangée, cache un côté bordélique. Derrière son apparence d'homme bien peigné, Xavier a lui aussi une vie en vrac. 

 

Quels souvenirs gardez-vous de ces mois de tournage dans la Grosse Pomme ? 

R. D : C'est assez fou pour nous, acteurs français, d'aller travailler à New-York avec des Américains. Ce sont des fous, des bosseurs incroyables. Nous avons tourné par exemple à Chinatown, là où de "vrais" gens habitent. Cédric n’a pas souhaité tourner dans le Manhattan luxueux et branché des cartes postales avec ses boutiques et son côté glamour maintes fois filmés. Il a voulu plus d’authenticité. Je garde un excellent souvenir de ces deux mois et demi de tournage. C'était une expérience unique. 

Nous avons trouvé notre rythme dans une ville qui nous dicte le sien. Que ce soit à Barcelone, à Saint-Pétersbourg ou à New-York, ce sont des endroits privilégiés. Et je remercie Cédric de nous les avoir fait découvrir. Il y a dans ces trois villes de la vie et de l'énergie.

 

Y a-t-il une part autobiographique dans les aventures de Xavier ?

C. K : Bien que je me sois séparé à quarante ans et que je vois mes deux grands enfants une semaine sur deux, je ne ressemble pas à Xavier. J’ai une vie beaucoup plus simple que la sienne. C’est un être de papier à qui j’aime créer des problèmes. Il y avait plus de moi dans le premier volet, L’Auberge espagnole. J’ai transposé mon expérience new yorkaise pendant laquelle j’ai appris le cinéma, à Barcelone.

 

En tant que réalisateur, que souhaitiez démontrer au travers de cette trilogie ?

C. K : Le but est de faire voyager les spectateurs comme s’ils prenaient l’avion pour partir ailleurs. Je ne suis pas un Américain qui fait exploser les immeubles avec des super héros. Moi je filme les choses du quotidien, banales. Ces trois films reviennent sur la mondialisation qui s’opère depuis ces vingt dernières années. Aujourd’hui, il y a Internet et les voyages low-cost. Quand vous regardez la télévision, on vous parle de la météo aux Philippines ou en Afrique. Nous aimerions tous devenir des citoyens du monde, comme essaie de l’être Xavier.

 

Vous avez déclaré, Cédric Klapisch, que Casse-tête chinois serait le dernier acte de votre trilogie. Pas de regrets ?

C. K : Je crois que j’ai fait le tour de la question. Si je fais une suite, ce ne sera pas avant dix ans. On ressent des émotions contradictoires à la fin d’un film. On est à la fois triste de quitter une ambiance de colonie de vacances et soulagé d’avoir tout mis en boîte.

R. D : Si Cédric décide un jour de poursuivre les aventures de Xavier, je signe sans réfléchir. La cinquantaine semble être tout aussi captivante.

 

Casse-tête chinois, de Cédric Klapisch. Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France, Kelly Reilly. 

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