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On a lu «La fille de Vercingétorix», le nouvel album d'Astérix

«La fille de Vercingétorix», le 38e album dAstérix et Obélix est tiré à 5 millions d'exemplaires «La fille de Vercingétorix», le 38e album dAstérix et Obélix est tiré à 5 millions d'exemplaires[Asterix®-Obélix®-Idéfix® / ©2019 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo]

Tous les libraires l’attendaient : la «fille de Vercingétorix», le 38e album des aventures d’Astérix et Obélix, paraît ce jeudi 24 octobre dans le monde entier. On a pu le lire en avant-première.

Pour ses 60 ans, Astérix voit grand : après l’album hommage par 60 auteurs (éd. Albert René), la jolie biographie de Goscinny par sa fille, Anne, et la dessinatrice Catel (Casterman), 5 millions d’exemplaires ont d’ores et déjà été tirés de l’album resté secret jusqu’au bout. Mais que vaut vraiment ce nouvel Astérix ?

Un scénario réjouissant

Jean-Yves Ferri, le scénariste, et Didier Conrad, le dessinateur, tous deux aux manettes depuis maintenant 4 albums, ont placé cette nouvelle aventure au cœur du village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Une idée s’avérant un peu glissante puisque par essence loin de nouvelles découvertes exotiques, qui demandait donc un scénario un peu touffu, ou au moins original, afin d’éviter de s’ennuyer dans les pantoufles confortables des héros sous leurs huttes. Mais Jean-Yves Ferri a plus d’un tour dans ses braies.

L’aventure vient à Astérix et Obélix sous les traits de la fille de Vercingétorix, une ado rebelle mais attachante à mi-chemin entre une copine de Fifi Brindacier et Greta Thunberg (bien entendu, l’album a été écrit avant que cette dernière ne se retrouve sur le devant de la scène internationale). Visage encore poupon et longue natte rousse sur un corps encore courbé par une croissance trop soudaine, elle porte le «torque» de son père autour du cou, un bijou gaulois recherché par César qui verrait dans sa possession la preuve intangible de son éclatante victoire.

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Asterix®-Obélix®-Idéfix® / ©2019 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

Adrénaline – nom bien choisi pour une ado qui «a tendance à fuguer» – arrive, la nuit, escortée par deux gaillards arvernes. Ces derniers demandent à Abraracourcix, le chef du village, la protection de la jeune fille avant de pouvoir l'exfiltrer à Londinium (Londres). Si les gaulois irréductibles acceptent sur le champ cette mission, Astérix et Obélix vont néanmoins devoir se frotter au désir d’émancipation d’Adrénaline qui fomente un plan d’évasion avec ses nouveaux amis, les fils de Cétautomatix le forgeron et Ordralfabétix le poissonnier, alors en stage dans les commerces de leurs bagarreurs de pères. L’occasion de quelques bons gags autour de l’adolescence et ses tracas. Les parents d'adolescents reconnaitront certainement quelques travers de leur progéniture, les auteurs avouant d'ailleurs bien volontiers s'être largement inspirés de leurs filles respectives.

L'héritage goscinnyen préservé

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Asterix®-Obélix®-Idéfix® / ©2019 Les éditions Albert René/Goscinny-Uderzo

Jean-Yves Ferri et Didier Conrad n'en sont pas à leur coup d'essai et au bout de quatre albums peuvent se permettre de s'amuser encore un peu plus. Et c'est peut-être là qu'ils montrent leur talent. Un talent que Goscinny aurait certainement applaudi avec quelques inventions langagières bien senties. Les deux arvernes font ainsi partie des FARC, Front Arverne de Résistanche Checrète, on y croise également de nouveaux personnages répondant aux doux noms de Letitbix, Strictosensus ou encore Adictosérix. Cette aventure au village permet d'éclairer en effet un peu mieux les habitants du village, seconds rôles éternels qui ne demandaient qu'à exister un peu plus.

Ainsi, on découvre les deux ados des commerçants du village qui vont se lier avec Adrénaline et devenir les auteurs de quelques phrases savoureuses. Blinix n'hésite pas à dire à son père : «je ne peux pas gratter les moules, j'ai déjà beaucoup de bulots» ou alors traiter Obélix de «Gauloss» (pour le fameux «Boloss» adolescent).

On en apprend également un peu plus sur Agecanonix et sa participation à la bataille de Gergovie. Quant aux pirates, ils sont bien entendu de retour et ont même un rôle important. Petit clin d'oeil très goscinnyen, Charles Aznavour intègre l'équipage des pirates.

Au final, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad font encore mouche avec un album savoureux et intelligent. Seul bémol : une fin qui arriverait peut-être un peu rapidement. Si la fin justifie justement les moyens, les auteurs, eux, laissent planer le doute quant à l'envie de se lancer un jour dans un cinquième album. Mais nul doute que ce duo là risque bien de ne pas résister encore et toujours aux éditions Albert René.

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Astérix et Obélix, T.38, «La fille de Vercingétorix», éd. Albert René, 9,99€.

 

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