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Réouverture du musée Picasso-Paris : une exposition étonnante se penche sur les liens du peintre avec la BD

Pablo Picasso aimait la BD qui elle-même le lui rend bien Pablo Picasso aimait la BD qui elle-même le lui rend bien[© Musée Picasso-Paris]

Le musée Picasso rouvre enfin ses portes au public ce mardi 21 juillet. Deux expositions sont prévues pour l'occasion : «Picasso poète» et surtout l'étonnante «Picasso et la bande dessinée».

Qu'en déplaise aux grincheux : Pablo Picasso, l'un des plus grands peintres du monde déjà de son vivant, a entretenu des liens forts avec la bande-dessinée, art tout juste sorti de l'oeuf au tournant du vingtième siècle et encore considéré comme une pratique peu respectable.

Picasso et la BD

Loin de rester dans sa tour d'ivoire, Picasso s'inspirait de la culture populaire pour nourrir ses peintures jusqu'à s'approprier les codes du neuvième art, comme les phylactères pour donner la parole à ses personnages et des pages organisées en séquences grâce au principe de la case.

Au gré du parcours, on peut y découvrir de petits journaux illustrés confectionnés par un Picasso tout juste sorti de l'enfance, ou encore le récit en dessins et en bulles de son voyage de Barcelone jusqu'à Paris en 1904 en compagnie de son ami Junyer - Vidal. D'apparence potache ces dessins traduisent bien le goût du futur peintre pour la subversion des formes académiques.

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Pablo Picasso, «Histoire claire et simple de Max Jacob», 13 janvier 1903, dessin à la plume, musée national Picasso-Paris photo ©RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2020

A travers le journal de Gertrude Stein, on apprend que Picasso nourrissait une véritable passion pour certains comics américains enfantins de l'époque tels que «Little Nemo», «Krazy Kat» ou «Little Jimmy». Côté français, il a été trouvé plusieurs exemplaires de la revue «L'Epatant» (où étaient publiés «Les pieds nickelés») dans la bibliothèque de l'artiste.

Plus tard, en 1937, année où Pablo Picasso peint le célèbre «Guernica», l'artiste se sert des principes de la BD dans une série de gravures pour dénoncer les exactions du dictateur Franco dans son Espagne natale.

L'hommage de la BD à Picasso

Cette exposition plaira autant aux amateurs du peintre qu'aux fans de BD car Johan Popelard, conservateur du patrimoine au Musée national Picasso-Paris, s'est adjoint l'aide de Vincent Bernière, éditeur, écrivain et journaliste, grand specialiste du neuvième art dont la patte est plus que visible ici.

On découvre ainsi que nombre de dessinateurs de BD se sont inspirés de Pablo Picasso. Très tôt, Hergé s'est mis en scène au sein d'un dispositif comparable à ce qu'avait entrepris Henri-Georges Clouzot avec le peintre pour le film «Le mystère Picasso», Gotlib fidèle à lui-même, a, lui, imaginé une parodie d'émission avec Picasso.

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Art Spiegelman, détail de la quatrième de couverture de «Breakdowns. Portarit de l'artiste en jeune %@§*!» © 2008 Art Spiegelman - all right reserved © Casterman 2008, pour l'édition française détail from «Ace Hole, Midget detective» © Art Spiegelman, 1974

Aujourd'hui, il est étonnant de voir à quel point Pablo Picasso est devenu l'un des personnages récurrents de la bande dessinée quand ses oeuvres ne sont pas reproduites par les dessinateurs de BD eux-même. En 1951, déjà, Benjamin Péret et André Breton signent «La vie imagée de Pablo Picasso» et Maurice Henry s'inspire des oeuvres du peintre pour ses illustrations humoristiques. Bien plus tard, Nick Bertozzi chahute l'histoire de lart moderne dans «Le salon» en 2012 et Clément Oubrerie et Julie Birmant racontent la vie du peintre dans les cinq tomes de la série «Pablo». On découvre également des dessins d'Art Spiegelman et ceux de Philippe Geluck à l'humour délicieusement absurde.

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Philippe Geluck, «Picasso se rendant compte qu'il est le seul peintre au monde à ne pas pouvoir faire un faux Picasso» © Philippe Geluck

Enfin au sous-sol de l'hôtel Salé, le public peut découvrir quelques fresques plus monumentales créées pour l'occasion telles que des oeuvre de Sergio Garcia Sanchez, Emilie Gleason, François Olislaeger, Clément Oubrerie et Marina Savani.

Picasso, poète

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Pablo Picasso, «Sur le dos de l'immense tranche de melon ardent...», 1' décembre 1935, dessin à la plume, dessin au crayon de couleur, encre de Chine, vergé Musée national Picasso-Paris, photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau, © Succession Picasso 2020

Une seconde exposition - certes plus confidentielle mais non moins passionnante - se tient en même temps que «Picasso et la BD». Elle peut s'avérer complémentaire à la première exposition puisque si l'on ne trouve pas de phylactères, on y rencontre néanmoins pas mal de mots. «Après tout, les arts ne font qu'un. On peut écrire une peinture en mots tout comme on peut peindre des sensations dans un poème», écrivait l'artiste. On y découvre, entre autres, qu'entre 1935 et 1959, Picasso produisit plus de trois cent quarante poèmes. Ce qui avait été esquissé déjà avec «Picasso et la BD» est ici appuyé par la mise en valeur du texte chez l'artiste et son écho vibrant face au geste pictural.

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«Picasso et la bande dessinée» et «Picasso poète» du 21 juillet 2020 au 3 janvier 2021

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