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Kaamelott, le film : ce que nous apprend la bande originale d'Alexandre Astier qui sort aujourd'hui

[© REGULAR]

Le premier volet au cinéma de Kaamelott aurait bien pu finir par s'appeler Le serpent de mer. De longues années entre l'annonce d'un long métrage et sa réalisation, un virus qui gâche la fête et prolonge l'attente des fans...Heureusement pour eux, Alexandre Astier, en musicien averti, a préféré maintenir la sortie de la bande originale, qu'il a lui-même composée. De quoi découvrir autrement le film français le plus attendu, la musique pouvant souvent évoquer autant que l'image. L'objet, le contenu musical, son compositeur...Voici ce que vous pourrez apprendre en vous procurant ce disque.

Avant toute chose, et pour éviter de «spoiler» ceux qui souhaitent garder le plus de mystère avant la sortie du film, nous n'évoqueront pas la totalité ni le bon ordre des noms des 34 thèmes de l'album, qui, mis bout-à-bout, révèlent tout de même une idée précise du déroulé du récit.

L'objet : du classique au haut de gamme

Forcément, selon que vous choisirez la version CD, Vinyle, ou le coffret collector en édition limitée, le contenu ne sera pas le même. Pour la version CD (un disque) et vinyle (3 disques, deux vinyles 180 gr + CD), du très classique, avec des photos intérieures - dont de très beaux noir & blanc -  réalisées par le photographe officiel Fred Mortagne, la liste des titres, et une biographie du «musicien» Alexandre Astier.

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La version collector, elle, porte bien son nom, et cette édition limitée devrait partir comme des petits pains une fois le contenu détaillé. Outre les deux vinyles et le CD, on y trouve le documentaire audio Kaamelott Sessions, sous forme de vinyle transparent, autour de l'enregistrement de cette bande originale, 3 photos 24x30 de l'enregistrement, un livret de 8 pages, une feutrine Kaamelott pour la platine, et cerise sur le gros gâteau, une partition manuscrite d'Astier pour piano du morceau Arthur à la Tour

Pour l'anecdote, la photo de couverture de la bande originale n'est autre que celle du pavillon d'un cor (d'où sort le son), en gros plan, comme pour mieux relier ce disque au thème qui a fait pendant 416 épisodes la signature musicale du programme, et ses trois fameuses sonneries de cor. Des sonneries qui ont d'ailleurs été rejouées par les mêmes musiciens qu'il y a quinze ans, « ravis de faire le reboot du cor», selon Astier lui-même.  

La musique : un hommage symphonique au film d'aventure truffé de clins d'oeil

Enregistrée sur le prestigieux label Deutsche Grammophon, référence inébranlable du répertoire classique, la musique est interprétée par l'Orchestre national de Lyon, sous la direction du chef allemand Frank Strobel, avec le soutien du Choeur de chambre Spirito. Un chef rompu à l'exercice de la bande originale, puisqu'il a déjà interpété une centaine d'entre elles. Il s'agissait toutefois pour lui de la première collaboration avec un réalisateur qui soit aussi un musicien. « C'est rarissime dans le monde du cinéma. Alexandre Astier est pour moi dans la lignée directe de Charlie Chaplin : un génie du siècle dernier qui, comme lui, produisait, réalisait, composait et jouait dans ses films», explique-t-il dans le livret. 

Du premier titre de l'album, Abordage en mer rouge, au dernier, Prêts pour l'aventure (qui confirme donc bien une suite), la puissance et la taille de l'orchestre font merveille : une formation symphonique adapté à ce récit moyenâgeux et aux scènes d'action, avec pas moins de 85 musiciens dont 5 cors, 2 harpes, des contrebasses à 5 cordes, et des cuivres en grand nombre. 

Les thèmes courts s'enchainent, sans jamais dépasser les deux minutes. Légèreté, clarté des coloris musicaux, équilibre, subtilité des nuances et des effets sonores : la partition pourrait sortir tout droit de l'imagination d'un compositeur français des années 1930 ( on osera même un parallèle avec certaines oeuvres de Maurice Ravel). Le chef d'orchestre Mark Strobel explique ainsi que « la musique d'Alexandre Astier est enracinée dans la grande tradition symphonique de musique pour le cinéma (...). [Il] s'inscrit dans cette tradition, mais conserve une "French touch". C'est presque impressionniste et assez français selon moi».

La musique d'Alexandre Astier est presque impressionniste.Mark Strobel, chef de l'Orchestre national de Lyon

Côté cinéma, les thèmes fleurent bon le film d'aventure classique, avec ses nappes de cuivres et de violon allant crescendo, comme auraient pu l'imaginer Spielberg et son fidèle compositeur John Williams. La Folie des grandeurs n'est pas loin non plus, comme à la fin du titre La Nouvelle Table Ronde avec ses trompettes «royales», et on imagine parfois voir surgir un Louis de Funès en pleine action dans une scène tragi-comique, sans doute un clin d'oeil à l'une des références d'Astier. Dans la suivante, on sera plongé dans le ballet Le Lac des cygnes et sa féerie, tandis que sur le morceau Une attaque burgonde, les percussions nerveuses évoquent James Bond.  

Pas de tentatives de moderniser l'ensemble, Kaamelott sera bien un film à costume «historique». A cet égard, on peut entendre Alexandre Astier sur l'album, sur le morceaux intitulé «Arthur et les musiciens» (un hommage de plus à la passion première d'Astier), jouant du guembri, du ghungroo, du cajon, du dholak ou encore du hulusi...Des instruments insolites et traditionnels, provenant principalement du nord de l'Afrique ou d'Inde. Mis en parallèle avec les premières images du film, et les nombreux personnages de Kaamelott venus du continent, on imagine bien un mêlange des cultures et des influences musicales propres au monde méditérranéen ...

La durée de l'album, un peu plus de 55 minutes, laisse augurer une musique évocatrice, mais pas envahissante. Thèmes porteurs d'espoir, sensation de progression, mélodies plus sombres...On est loin du Seigneur des anneaux et de sa musique plus longue que le film, sans pause pour laisser respirer les scènes sans «influence» musicale. De manière générale, l'ensemble s'inscrit dans la droite ligne - avec plus d'ampleur - de ce que les fans ont pu entendre dans les versions courtes de Kaamelott.

Le compositeur : un amoureux de la langue musicale

«Je raconte des histoires, alors je dirais 'auteur'. Mais ce que je fais de mieux, c'est écrire de la musique, c'est ma langue préférée». C'est, comme l'indique le livret de l'album, ce que répond généralement Alexandre Astier à propos de son métier, lui qui a lui-même dirigé l'Orchestre national de Lyon pour la première version de la bande originale. Au fil du temps, on a ainsi pu s'apercevoir à quel point la musique faisait partie intégrante de sa carrière artistique. Cette passion l'a donc poussé à apporter un soin tout particulier à cette bande originale, en multipliant les séances en studio pour faire coller au mieux l'enregistrement de l'Orchestre national de Lyon avec les images. Jusqu'à faire de la musique le fil conducteur du récit : «Dans un film, c'est toujours la musique qui a raison (...), c'est elle qui sait ce qu'il va se passer. Donc quand j'écris une musique, je voudrais qu'elle reste telle quelle, c'est pour cela qu'il me faut remonter le film après. Pour pouvoir adapter à la musique», explique-t-il.

Et une façon aussi de rappeler que dès les premières diffusions de Kaamelott sur M6, l'univers musical tient une place de choix. On se rappellera ainsi l'épisode de La Quinte Juste (Livre 2, ép.55), qu'on enseigne même en solfège, Le Oud (Livre 1, ép.45), ou encore le fameux A la Volette (Livre 1, ép.26).

Une évidence pour celui qui, dès l'âge de 6 ans, suivait une formation de jazz à l'American School à Paris, et de classique au conservatoire, et dont il ressortira peu avant la vingtaine avec le Prix de Paris en solfège et diplômé de contrebasse classique.

Contrebasse, mais aussi basse rock, lui le fan de Jaco Pastorius, ou encore piano pour les besoins de son métier (c'est d'ailleurs lui qu'on entend dans le thème «Arthur à la Tour de la bande originale)...Suivront le spectacle Que ma joie demeure ! en 2012, sur la vie du compositeur J.S. Bach (celui qui a provoqué son premier émoi musicale), et même l'Exoconférence de 2014, sur l'astrophysique, qu'il concluait à la basse avec ses musiciens en mode heavy metal avec son fameux morceau The Eternal Silence

Kaamelott - Premier Volet, bande originale du film, Alexandre Astier, Orchestre national de Lyon (dir. Frank Strobel), Deustche Grammophon, CD (15,99€), CD +Vinyles (27,99€), Coffret collector (86,99€).

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