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Baby Doll : Beethoven porte la cause des migrants à la Cité de la Musique

La Cité de la Musique accueille pour une date unique, mercredi 10 novembre, ce spectacle essentiel.[© Orchestre de Chambre de Paris]

Le plus humaniste des compositeurs pour rendre compte du calvaire des migrants. Avec le spectacle Baby Doll, présenté mercredi 10 novembre à la Cité de la Musique à Paris, la metteuse en scène Marie-Eve Signeyrole entend rendre compte des multiples épreuves que peuvent traverser les candidates à l'exil forcé, d'où qu'elles viennent.

S'appuyant pour cela sur la Septième symphonie de Beethoven, sorte de condensé de l'idéal esthétique européen, elle propose sur scène une création hybride, en s'appuyant sur la danse, pour livrer une «fiction documentaire» ayant pour but de confronter le public occidental à un problème qu'il est « bien loin de pouvoir identifier, penser et juger, tout en lui apportant quelques clés, parfois poétiques, parfois réelles, sur ce qui pourrait nous arriver aussi», explique celle qui a conçu le livret et la scénographie.

Pour mieux coller à une douloureuse réalité qui dépasse parfois l'imaginable en évitant les fantasmes, et qui concerne des milliers de femmes syriennes, indiennes, soudanaises, ou afghanes, Marie-Eve Signeyrole a basé ce spectacle d'1h30 sur des histoires réelles et des témoignages qu'elle a elle-même recueillis : « Je me sens responsable et même coupable de mon ignorance et de ma passivité jusqu’ici. Je trouve cela criminel de ne pas secourir des êtres humains en danger de mort, en état de survie, qui nous demandent la reconnaissance de leur humanité par notre accueil et notre bienveillance. C’est une question de raison et de devoir, et non de choix».

Entremêlant ces récits, elle propose aux spectateurs de suivre le parcours de Hourria, jeune Erythréenne de dix-neuf ans, en route pour l’Europe. Avec elle, une poupée, qu'elle portera cachée sous ses vêtements pour faire croire aux personnes croisées sur son chemin à une grossesse, et éviter ainsi de multiples violences.

Baume pour l'âme et le coeur face à cette réalité, ou au contraire amplificateur des fortes émotions qui devraient toucher le public, cette fameuse 7eme symphonie de Beethoven a été choisie par la metteuse en scène pour la rythmique de ses quatre mouvements, sorte d'appel au voyage. «La musique nous permet d’être dans l’émotion pure et parfois de « soulager » la violence de cette réalité», explique-t-elle, précisant avoir calqué la structure du spectacle sur ces 4 parties musicales. Alors que l'Orchestre de chambre de Paris, dirigé par Marzena Diakun, interprétera la symphonie, Yom, clarinettiste et spécialiste de la musique Kelzmer - dont les thèmes de l'exil et du déracinement sont liés - officiera également, en reprenant les thèmes de la symphonie pour les faire évoluer, et ainsi décloisonner les genres. De leur côté, les trois performeurs, Annie Hanauer, Stencia Yambogaza, et Tarek Aït Meddour incarneront par leur danse cette épopée sombre mais nécessaire.

Baby Doll, de Marie-Eve Signeyrole, Orchestre de chambre de Paris, dir. Marzena Diakun, Yom (clarinette), sur la 7eme symphonie de Beethoven. Mercredi 10 novembre, 20H30, Cité de la Musique, Paris 19e. 

 

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