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Les producteurs : pourquoi faut-il aller voir la dernière création d'Alexis Michalik ?

Alexis Michalik signe une adaptation très réussie des «Producteurs» de Mel Brooks. [Alessandro Pinna]

C'est l'un des spectacles événements de cette fin d'année. Après plusieurs reports liés à la crise sanitaire, «Les Producteurs», comédie musicale culte de Mel Brooks montée pour la première fois en français par Alexis Michalik, a pris ses quartiers au Théâtre de Paris. Un rendez-vous totalement réjouissant.

Car ces producteurs-là assurent le show. Ils remplissent leur mission haut la main avec un spectacle digne de Broadway aussi drôle qu'efficace. Performance, musique, costumes, décors, espièglerie… Alexis Michalik signe une nouvelle pépite. Une prestation à savourer pour de multiples raisons.

Pour sa dimension culte 

A l'origine de ce spectacle multi-récompensé aux Etats-Unis, un film culte sorti en 1968, «Les Producteurs». Premier long métrage de Mel Brooks, il met en scène les aventures de deux producteurs véreux, Max Bialystock et Léo Bloom, qui pour arnaquer les assurances, décident de monter la comédie musicale la plus nulle possible, signée par un ancien nazi et intitulée «Des fleurs pour Hitler», afin de faire volontairement un bide.

Avec ce scénario décalé à l'humour caustique, dévoilant un Hitler tourné en dérision, le réalisateur new yorkais décroche l'Oscar du meilleur scénario. Un film que Mel Brooks adapte lui-même pour la scène en 2001, devenant la comédie musicale de Broadway la plus primée de tous les temps, avec 12 Tony Awards à son palmarès. Un monument du spectacle vivant aujourd'hui adapté pour la première fois en France par Alexis Michalik, lauréat de cinq Molières en à peine un an, qui relève le défi avec brio. 

Pour le show digne de Broadway 

Réjouissante et délicieusement caustique, cette adaptation du musical de Mel Brooks a tout des grands shows de Broadway. Décors, costumes, musique live, grands numéros de troupe, performance vocale, elle réserve un spectacle total. Deux heures durant, sans aucun temps mort, les tableaux s'enchaînent à un rythme effréné, pour une plongée dans le New York des années 1950 et le monde du spectacle vivant, entre soir de première, arnaque et auditions.

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© Alessandro Pinna

A deux cents à l'heure, les décors changent à vue en quelques secondes, représentant successivement la façade d'un théâtre, le bureau au style new-yorkais de Max Bialystock, l'appartement rococo d'un metteur en scène gay totalement fantasque et de son équipe artistique réjouissante, pour ne citer qu'eux. A grand renfort de refrains et tubes efficaces, les numéros de chant, de danse, de claquettes se succèdent sur des chorégraphies toujours plus drôles et entraînantes les unes que les autres, offrant un aller direct pour Broadway.  

Pour la performance des acteurs 

Quatorze comédiens d'exception. La troupe réunie par Alexis Michalik fait tout simplement des merveilles. Sur scène, elle multiplie les prouesses vocales et chorégraphiques. Serge Postigo excelle dans la peau de l'ex-producteur star déchu et prêt à tout pour renflouer les caisses. Benoît Cauden est tout simplement irrésistible en petit comptable névrosé, se métamorphosant en personnage corrompu pour atteindre son rêve : devenir producteur à Broadway.

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© Alessandro Pinna

Dans la peau du chorégraphe et de son assistant gay, David Eguren et Andy Cocq sont hilarants. Régis Vallée endosse avec une véritable fantaisie le costume de l’ancien nazi, brut de décoffrage, évoluant en habit bavarois et casque sur la tête. Roxane Le Texier fait son effet dans le rôle de l’assistante suédoise dévergondée. A leur côté, la troupe fait sensation, sautant d'un costume à l'autre en offrant à chacun des personnages une énergie et une fraîcheur à toutes épreuves. 

Pour la touche Michalik

Comme dans les précédents spectacles d'Alexis Michalik - «Edmond», «Le porteur d’histoire», «Le cercle des illusionnistes» - les comédiens endossent à une cadence soutenue une foule de rôles sur une mise en scène millimétrée, ponctuée de trouvailles délicieuses. Parmi elle, un ballet de déambulateurs emmené par des mamies nymphomanes aussi efficace qu'une performance de Stomp, une bourrée «nazie» totalement surréaliste, des pigeons dansants ou encore un clin d'œil au Lido et ses danseuses, qui sur le plateau troquent les plumes pour des costumes inclassables mêlant coiffes en forme de Bretzel, de chopes de bière et ceinture bordée de saucisses.

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© Alessandro Pinna

Une inventivité qui colle à la peau d'Alexis Michalik, depuis ses débuts. En adaptant «Les Producteurs», le dramaturge de 39 ans, renoue d'ailleurs avec la comédie musicale. En 2006, pour sa toute première mise en scène, il signait déjà l'adaptation musicale de «La mégère apprivoisée» de Shakespeare, rebaptisée pour l'occasion «La mégère à peu près apprivoisée». Un genre auquel il se frotte à nouveau avec succès.

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