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Ana Girardot : «Je veux des rôles très éloignés de ce que je suis vraiment»

Le fil, désormais sur les écrans, est teinté de fantastique. [©Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP]

Ana Girardot est à l’affiche du film «Ogre», un conte fantastique percutant, à l’ambiance sombre, dans lequel l’actrice française incarne avec brio le rôle d’une mère fuyant un passé douloureux.

Avec son fils Jules (Giovanni Pucci), âgé de 8 ans, Chloé (Ana Girardot), institutrice, décide de s’installer dans un village du Morvan pour démarrer une nouvelle vie, loin de son ex-conjoint violent. Mais très vite, des évènements inquiétants vont se succéder.

Alors que tout porte à croire qu’un loup rode dans les environs, le petit garçon introverti est convaincu que le responsable est un ogre, et qu’il sera sa prochaine proie. Réalisé par Arnaud Malherbe, le long-métrage est désormais disponible en salles depuis ce mercredi 20 avril.

Ce film hybride, qui offre plusieurs niveaux de lecture, évoque les peurs liées à l’enfance, mais aussi les traumatismes passés que l’on peut ressentir à l’âge adulte. Pourquoi est-ce important de mettre en scène ces émotions au cinéma ?

On a des angoisses personnelles, des peurs enfouies, que l’on n’arrive pas forcément à exprimer. Puis un personnage va dire un mot, une phrase, qui va nous toucher en plein cœur, et nous rappeler que l’on n’est pas tout seul.

C’est merveilleux de sortir d’une salle de cinéma et de se dire : je suis enfin compris. Quelqu'un d’autre pense comme moi, ou ressent la même chose que moi. On doit entrer dans un cinéma comme on ouvre un livre.

On doit entrer dans un cinéma comme on ouvre un livre.

Votre personnage, Chloé, a une relation très fusionnelle avec son fils Jules, rejeté par ses camarades d’école à cause de son handicap auditif. Avez-vous hésité avant d’accepter ce rôle ?

Au départ je voulais refuser le rôle justement parce qu’il y a un enfant à l’affiche. J’ai joué dans treize films où un petit garçon ou une petite fille a une lougue partition. Et je me suis rendu compte que ce qui doit être un jeu pour l’enfant, peut devenir une tâche très contraignante.

Il rate l’école, ne voit pas ses amis, se lève très tôt... Et quand il se plaint à ses parents, cela me fait souffrir, me fend le cœur. Mais lorsque j'ai rencontré Giovanni Pucci pour la première fois, j’ai vu qu’il était prêt et très enthousiaste, et j’ai changé d’avis.

Lors du tournage de «Ogre», votre vie personnelle et professionnelle se sont croisées. Qu’est-ce que cela a changé  ?

Je suis effectivement tombée enceinte pendant le tournage donc le rapport mère-fils est devenu encore plus fort. Et c’était très perturbant. Giovanni m’a beaucoup aidé et apporté. J’étais complètement connectée à lui et viscéralement impliquée. C’était une expérience extraordinaire à vivre.  

Les enfants voient et comprennent tout.

Quand vous étiez petite, qu’est-ce qui vous effrayait le plus ?

J’étais effrayée par le noir, les profondeurs de l’océan, le futur, et l’inconnu. J’avais aussi une peur bleue de descendre à la cave, car j’avais toujours l’impression d’être suivie.

Et aujourd’hui ?

Cela n’a pas changé ! Sauf que désormais je suis maman, donc je dois faire comme si je n’avais plus peur de rien.

Selon vous, pourquoi les adultes ont souvent du mal à comprendre le monde de l'enfance ?

Les enfants voient et comprennent tout. Mais ils n’ont pas forcément les mots pour dire les choses à leurs parents, et les protéger. Donc pour exprimer leurs angoisses, ils se créent un monde que les adultes ont parfois du mal à cerner, ou qu'ils ont juste peur d'imaginer.

Dans le film, il y a une scène où Giovanni me raconte qu’il y a un monstre qui veut le dévorer. Si un jour mon enfant me parle de toutes les créatures qui peuplent son esprit, je serai effrayée.

Pensez-vous qu’un monstre sommeille en chacun de nous ?

J’en suis persuadée. On a tous des parts sombres et dévorantes en nous, des démons. Mais la question est de savoir comment on réagit face à nos démons. Est-ce qu’on choisi de les ignorer, de les accepter, ou bien de les alimenter ? 

J’ai envie de sortir de ma zone de confort.

Durant le film, aucun objet contemporain n’est filmé, comme le téléphone portable. L’accent est mis sur l’imaginaire et la lecture. D'ailleurs, quel est votre livre de chevet actuellement ?   

«Faire un film», de Sidney Lumet. Le grand réalisateur explique comment choisir un cadre, gérer les figurants etc., en se basant uniquement sur sa propre expérience de cinéaste. Je commence à réaliser mes propres films et ce livre est très précieux pour moi.

Pour préparer le tournage du prochain film dans lequel je vais jouer, un drame historique autour de Madame de Sévigné, je lis également «Entre mère et fille un ravage», de Marie-Magdeleine Lessana, un ouvrage incroyable que je recommande.

Vous avez joué dans «Cloclo», «5ème set», «Ce qui nous lie», «Un homme idéal»… Aujourd’hui, quels sont les rôles qui vous attirent ?

Je déteste rester dans une case. J’ai envie de sortir de ma zone de confort, d’incarner des personnages très différents, de porter des perruques, me déguiser... Je veux des rôles qui s’éloignent le plus possible de ce que je suis dans la vie de tous les jours, et terminer ma journée avec le cœur qui bat à toute vitesse.

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