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«Le garçon et le héron» : on a vu le nouveau film d'Hayao Miyazaki, et voici ce qu'on en a pensé

Sorti en juillet dernier au Japon, le 12e film d'Hayao Miyazaki, «Le garçon et le héron», arrive enfin dans les salles françaises ce mercredi. Un nouveau classique de Ghibli que nous avions pu découvrir en avant-première à Tokyo.

Le 14 juillet dernier au Japon, ce n’était pas la fête nationale que l’on célébrait comme en France, mais plutôt la prise d’assaut des salles de cinéma par un public curieux de découvrir enfin «Le garçon et le héron», lequel n'avait bénéficié d'aucune promotion, ni séance réservée à la presse. Ce mercredi 1er novembre, ce sera au tour des fans français d'apprécier cette œuvre annoncée comme l’«ultime» film d’Hayao Miyazaki (82 ans), dix ans après «Le vent se lève».

Il faut souligner que ce 12e long-métrage d’animation du réalisateur de «Princesse Mononoké» et du «Voyage de Chihiro» a longtemps été mystérieux. Tout juste avait-on droit à deux indices : un dessin signé Miyazaki évoquant un être humain déguisé en héron, et le nom du film au Japon tiré d’un roman initiatique datant de 1937 et rédigé par Genzaburo Yoshino, connu en France sous le titre «Et vous, comment vivrez-vous ?»

Toutefois, l’inspiration s’arrête là, tant Hayao Miyazaki ne fait qu’un clin d’œil à ce livre qu’il a lu enfant. Ce film a pris le contre-pied de l’industrie du 9e art, friande de trailers et de promotion. Un choix qui a été mûrement réfléchi par Miyazaki et Toshio Suzuki, producteur du studio Ghibli - qui a aussi co-écrit ce long-métrage -, afin d’alimenter le culte du secret, mais aussi pour être en adéquation avec la philosophie de cette œuvre, nous le verrons plus tard.

Depuis l'annonce de son arrivée en Occident, l'industrie du cinéma a relancé ses rouages pour offrir images et bandes-annonces à foison afin d'alimenter l'imaginaire des fans du célèbre réalisteur et conteur d'histoires.

Un film mélancolique

Avec «Le garçon et le héron», Hayao Miyazaki invite une nouvelle fois à la réflexion et nous plonge dans un Isekai, genre où le protagoniste quitte notre terre pour explorer un monde parallèle. Un genre dans lequel le réalisateur excelle, notamment avec son chef d’œuvre, «Le Voyage de Chihiro» (2001). Un film auquel on pense forcément en voyant pour la première fois «Le garçon et le héron». Mais le contexte n’est ici pas le même. La scène d’ouverture nous plonge dans le Japon de la Seconde Guerre mondiale, où les sirènes hurlent et où un incendie précipite le destin de Mahito, un jeune garçon, qui assiste à la mort de sa mère. Contraint de partir vivre à la campagne avec son père, il fait alors la rencontre d’un héron énigmatique qui l’emmène dans un monde onirique.

Dès les premières minutes de ce film de deux heures, la patte d’Hayao Miyazaki se fait sentir. Les thématiques telles que la guerre, l’absence d’un parent ou encore le rapport à la nature, témoignent de son retour.

Mais le maître de 82 ans rompt aussi avec ses précédentes œuvres. Car «Le garçon et le héron» est un film mélancolique, voire un drame où l’on ne rit pas et où l’on sourit très peu, même si la fantaisie des films Ghibli transparaît dans le bestiaire fantastique déployé. Les musiques de Joe Hisaishi se font discrètes et renforcent l’aspect sombre du film. Ici, le château qui emmène Mahito n’est ni dans le ciel, ni ambulant, mais bien ancré dans la terre. Il faut ramper pour s’y rendre et la galerie de personnages est peu avenante.

Un record au box-office mondial ?

En ce sens, la nouvelle fiction de Miyazaki se rapproche davantage du film «Le Labyrinthe de Pan», de Guillermo del Toro (2006), où une petite fille visite un monde imaginaire cauchemardesque alors que le fascisme s’abat sur l’Espagne en guerre de 1944. «Le garçon et le héron» ne dépeint pas un univers aussi sombre, mais avance un bestiaire inquiétant, tandis que la palette de couleurs utilisée est moins chatoyante que ses autres métrages. Il faut alors attendre a seconde moitié du film pour commencer à voir un monde de couleurs, alors que l'espoir renaît.

Il n’empêche, la maestria technique du studio Ghibli (épaulé par quelques autres au passage) laisse admirative et Miyazaki, aidé par Toshio Suzuki, signe ici un film fort et qui comptera assurément parmi les classiques du maître, qui rend également une forme d’hommage à son ami Isao Takahata décédé en 2018, et réalisateur du «Tombeau des Lucioles», avec qui il avait fondé Ghibli.

Le 14 juillet dernier, au cinéma Toho de Shibuya où nous étions, les sept séances programmées affichaient toutes complet. Au total, ce long-métrage a attiré plus de 5 millions de spectateurs au pays du Soleil levant depuis sa sortie, détrônant le record détenu par «Le château ambulant». En France, les fans trépignent d'impatience. Est-ce le signe d’un futur nouveau record ? C’est en tout cas avec une certaine mélancolie que l’on ressort de ce film émouvant, qui signe-là probablement le dernier travail d’Hayao Miyazaki… Quoi que...

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