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César 2024 : «Ça fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur», lance Judith Godrèche

La comédienne a été ovationnée lors de son entrée sur scène. [© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Son discours était très attendu. L'actrice Judith Godrèche, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques, s'est exprimée ce vendredi à ce sujet sur la scène des César.

«Ça fait maintenant trente ans que le silence est mon moteur», a déclaré, ce vendredi 23 février, Judith Godrèche lors de la 49e cérémonie des César, ovationnée par tout le public. Dans un discours très attendu et engagé, l'actrice a dénoncé les dérives du cinéma après avoir porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques qui remonteraient à son adolescence. Un art qui, selon elle, couvre parfois «un trafic illicite de jeunes filles».

«Pourquoi accepter que cet art qui nous lie soit utilisé comme un trafic illicite de jeunes filles ? Il faut se méfier des petites filles, elles touchent le fond de la piscine, elles se blessent mais elles rebondissent», a scandé la comédienne de 51 ans.

«Je parle, mais je ne vous entends pas», regrette-t-elle

«Je suis une foule, une foule face à vous, une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir. Depuis quelque temps, la parole se délie, le pouvoir semble tanguer (...) Depuis quelque temps, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous ? Que faites-vous ? (...) Je sais que ça fait peur. Mais moi aussi j'ai peur (...). Nous devons donner l'exemple nous aussi (...). Mon passé, c'est aussi le présent des 2.000 personnes qui m'ont envoyé leur témoignage depuis 4 jours», a ajouté Judith Godrèche qui est devenue un fer de lance du mouvement #MeToo en France. «Une revenante des Amériques qui vient donner des coups de pieds dans la porte blindée. Qui l'eut cru ?», a-t-elle également lancé à l’auditoire.

Avant la cérémonie, une centaine de personnes ont manifesté devant l'Olympia, à l'appel de la CGT, pour soutenir la parole des victimes. «Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s'ouvrir», a déclaré l'actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l'avoir agressée sexuellement.

De son côté, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a déploré dans un entretien accordé au Film Français «un aveuglement collectif» qui «a duré des années» dans le milieu du cinéma, précisant que «la liberté de création est totale mais ici on ne parle pas d'art, on parle de pédocriminalité».

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