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Clint Eastwood : le mythique acteur fête ses 90 ans

Clint Eastwood s'est surtout fait connaître dans des rôles d'hommes solitaires. [VALERIE MACON / AFP]

Une des dernières légendes d'Hollywood. Clint Eastwood, né le 31 mai 1930 à San Francisco, fête aujourd'hui ses 90 ans, et il n'a pas l'intention de prendre sa retraite.

Ses interprétations de l’homme sans nom chez Sergio Leone et de l’inspecteur Harry en ont fait un des acteurs les plus adulés du cinéma hollywoodien, et les hommages pleuvent littéralement, sur les réseaux sociaux.

Devenu aussi cinéaste dès le début des années 1970, l'acteur n’a eu de cesse de se démarquer, avec succès, de cette image de héros solitaire et taciturne, en dévoilant un romantisme inédit. 

Un conte américain

Son parcours est à l'image du rêve américain. L’histoire d’un monde qui se divise en deux catégories : ceux qui ont une gueule et ceux qui rament. Clint Eastwood, obscur gamin de l’Ouest, avait de fortes chances de finir dans la seconde. Son physique atypique lui a permis d’entrer dans cette carrière où se jouerait son destin.

Né en 1930, alors que les Etats-Unis traversaient la plus grave crise économique de leur Histoire, le jeune Clinton Jr, s’il n'a pas tout à fait goûté aux raisins de la colère, a eu une enfance difficile, ballottée de ville en ville, suivant les boulots que décrochait son père. Une instabilité chronique qui a en partie créé ce caractère solitaire et taciturne dont il a su tirer parti.

À 18 ans, Clint Eastwood ne songeait qu’aux filles et aux voitures. Il a eu la chance d’échapper à la guerre de Corée, comme ensuite à celle du Vietnam. Etrange destinée pour un homme qui filmera par la suite si bien la guerre : il ne l'a pourtant connue que grâce aux récits de ses camarades. Quoi qu’il en soit, après quelques années folles, Clint Eastwood a fini par être repéré aux abords des studios d’Hollywood, où il traînait sa grande carcasse.

Des débuts de carrière difficiles

Les récits de cette première entrée dans le monde du cinéma divergent, mais peu importe : il est à peu près établi que c'est justement sa très haute taille (1,95 m) et sa prestance qui ont fait forte impression sur les réalisateurs et les producteurs. Eastwood a alors débuté avec d’innombrables petits rôles. Dix fois, cent fois, il a eu envie de jeter l’éponge. En 1955, il apparaît notamment dans deux séries Z de Jack Arnold : La Revanche de la créature et Tarantula

En 1956, dans La VRP de choc, il a enfin obtenu son premier rôle crédité au générique. Dans ce film d’Arthur Lubin, le premier réalisateur à avoir remarqué son physique, Clint Eastwood (au côté de Ginger Rogers) interprète un officier qui recrute pour la brigade des Rough Riders. Il était alors âgé de 26 ans, et Hollywood ne s’était toujours pas donné à lui.

un Charismatique indéniable

Puis le miracle a enfin opéré : une série, Rawhide, l'a propulsé vers le haut de l’affiche, où il interprète - évidemment - un cow-boy.

En 1964, autre date clé. Clint Eastwood est choisi pour jouer le rôle de «l’homme sans nom», dans un film réalisé par un Italien alors inconnu, Sergio Leone. Il devient alors, sans le savoir, le héros magnifique, froid et dépourvu de scrupules de Pour une poignée de dollars.

Contre toute attente, le succès de ce western spaghetti a été immense, aux Etats-Unis comme en Italie. Deux volets suivront, Pour quelques dollars de plus et Le bon, la brute et le truand. Glacial, mutique, doté d’un charisme inouï, Eastwood est devenu une icône.

Après ce tour de force, il est même rapidement devenu l’un des acteurs les mieux payés du monde, mais Eastwood était aussi quelque peu désemparé. Star internationale, il n’avait plus de projet en cours, quand on lui a présenté le script de L’inspecteur Harry, un policier expéditif, déterminé à arrêter un meurtrier psychotique.

Critiqué par la gauche américaine, taxé de fasciste outre-atlantique en France, le film a cartonné au box-office, incarnant la nouvelle Amérique à l’heure du Vietnam.

Une vie loin des paillettes

L'acteur Eastwood est aussi un devenu un réalisateur atypique. Assez peu inspiré par les choses religieuses ou mystiques, il a rapidement excellé, bizarrement, dans la mise en scène des sentiments humains face à la guerre, le crime, l’horreur. Dans les années 1980, avec notamment Honkytonk Man (1982), Le Maître de guerre (1986) et Bird (1988), Clint Eastwood a alors peu à peu dévoilé dévoilé une part inédite, plus mélancolique, de sa personnalité. La sagesse venant sans doute avec l’âge, s’il a continué à illustrer la violence, il en a peu renié la gratuité. Passionné de jazz comme le réalisateur new-yorkais Woody Allen, il a réalise en 1988 un de ses chefs d'oeuvre, Bird, "biopic" du musicien Charlie Parker (interprété par Forest Whitaker). Le film a été  un grand sucès et a permis à Forest Whitaker de remporter le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes

Ses films des années 1990, 2000 et 2010 sont tous marqués du sceau de la fatalité et de l’incompréhension de l’humain devant les tragédies. Sur le pont de Madison, Un monde parfait, Mystic River, Million Dollar Baby, Lettres d’Iwo Jima… autant d’œuvres sensibles, qui nous permis de découvrir un être rare, profond, bien loin des paillettes de sa jeunesse.

Million Dollar Baby (avec Hillary Swank) , par exemple, est un mélodrame puissant où sont abordés de nombreux grands thèmes qui en ont fait bien plus qu’un simple film sur la boxe féminine : la réussite à tout prix au-delà des clivages sociaux, le star system et le fanatisme du public, les relations familiales, la foi, la maladie, la vieillesse ou encore l’euthanasie. Eastwood s’y est révélé au sommet de son art. En 2004, le film a récolté quatre oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

toujours de Nouveaux défis

Malgré la gloire, Clint Eastwood n'a jamais hésiter à se challenger ces dernières années. 

En 2007, Clint Eastwood a par exemple sorti un diptyque inédit et ambitieux consacré à la bataille d’Iwo Jima. Si le premier volet, intitulé Mémoires de nos pères, développait, à travers la destinée de six Marines, le point de vue américain de ce conflit, Lettres d’Iwo Jima se plaçait du côté japonais. Tourné en japonais, une langue qu'Eastwood ne maîtrise pas, il montrait la farouche résistance opposée par les soldats japonais à l’attaque américaine, dans cette bataille considérée par eux comme perdue d’avance.  Avec une approche profondément humaniste, le film s’attardait sur plusieurs individus, des généraux conscients d’envoyer à la mort de jeunes militaires aux simples soldats pris sous le feu ennemi. Une magistrale réflexion sur le patriotisme et un vibrant plaidoyer contre la guerre. 

Un an après, Clint Eastwood était revenu aux affaires avec Gran Torino, un film étonnant et en apparence moins ambitieux. « Je pensais mettre une sourdine à ma carrière d’acteur, mais Gran Torino m’a offert un rôle de mon âge, qui semblait m’aller comme un gant », explique- t-il. Mi-inspecteur Harry, mi-Tatie Danielle version américaine, Clint Eastwood y interprétait Walt Kowalski, un vétéran irascible de la guerre de Corée, et nouvellement veuf. Pétri de préjugés racistes, bougon réactionnaire, Walt détestait tout. Mais depuis Impitoyable, on sait combien le réalisateur aime les histoires de rédemption. Il a réitéré ici, avec ce vieil homme qui apprend à aimer son prochain en se rachetant une conduite. 

Toujours des envies de cinéma

On aurait pu penser que Clint Eastwood allait calmer des ardeurs et prendre une retraite bien mérité. Il n'en fut rien. Dans les années 2010, il a ainsi réalisé pas moins de huit films (!), dont la plupart étaient basés sur des faits réels. Certains sont passés à côté de leur sujet (Le 15h17 pour Paris) et ont été boudés par le public, d'autres ont remporté un franc succès - au moins critique - , comme Sully, American Sniper ou La Mule.

Sa dernière oeuvre, sortie en février 2020  Le Cas Richard Jewell, illustre quant à elle les contradictions du cinéaste désormais nonagénaire.

Jewell, agent de sécurité pendant les JO d'Atlanta, a été l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe, avant d'être ensuite été accusé - à tort - de terrorisme. Un itinéraire intriguant qu'Eastwood a raconté avec maestria, avec une sensibilité évidente. Alors qu'il a depuis toujours été critiqué pour sa mise en scène de la violence et son patriotisme sans nuance, Eastwood a fait ici un récit profondément humain, dédié à un homme pris à tort pour cible par les autorités et les médias. 

Une nouvelle preuve que si Eastwood continue à fasciner et à faire l'événement, c'est aussi parce qu'il n'est pas toujours où on l'attend.

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