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Chronique glaçante à voir sur Arte, «Djihadistes de père en fils» suit des enfants poussés à devenir «des soldats de l'armée de Dieu»

Une description sans concession de la fabrique à terroristes, et comment la culture de la haine et de la violence se transmet de génération en génération [SWR / BASIS BERLIN Filmproduktion]
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Nommé aux Oscars et Prix du meilleur documentaire au festival de Sundance en 2018 où son réalisateur Talal Derki avait déjà été distingué en 2014 pour «The Returns of Homs», le film choc «Djihadistes de père en fils» («Of Fathers and Sons») offre une rare plongée dans l’univers des jihadistes, en s’intéressant particulièrement aux enfants et au processus de radicalisation.

Tourné dans la province d’Idleb en Syrie, ce documentaire très sombre et terrifiant suit Abou Oussama, l'un des fondateurs du Front al-Nosra (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), tandis qu'il prépare au jihad deux de ses huit fils: Oussama (13 ans), prénommé comme le héros de son père, Oussama ben Laden, et Ayman (12 ans), en référence à Ayman al-Zawahiri, chef d'Al-Qaïda.

Ancien cameraman freelance pour Reuters et CNN, Talal Derki est parvenu à gagner la confiance de ce spécialiste des attaques à la bombe et du déminage en se présentant comme un sympathisant désireux d'exalter la cause jihadiste. Le réalisateur, né en Syrie, s’est installé dans l’intimité de sa maison, où les femmes sont invisibles et où ses enfants déscolarisés errent, dans un décor apocalyptique décharné par les bombes, en jouant à la guerre quand ils ne décapitent pas des oiseaux. Il a ensuite suivi les deux aînés dans un camp d’entraînement au jihad.

«Cette chronique subtile transmet, séquence après séquence, la destruction à l'œuvre et l'emprise d'une idéologie mortifère qui exalte la force. Mais elle capte en même temps, et c'est ce qui la rend déchirante, la vérité de l'enfance, dans son immédiateté et sa vulnérabilité, sa cruauté et son innocence», comme le décrit parfaitement Arte, qui diffusera le documentaire ce mardi 19 novembre à 20h50.

Film douloureux sur la transformation d'enfants en machines de guerre, «Djihadistes de père en fils » hante depuis chaque nuit son réalisateur. Désormais installé à Berlin sous protection policière, il déclarait en 2018 à l'AFP s'être fait tatouer le bras et percer l'oreille pour ne plus avoir la tentation de retourner filmer là-bas, revendiquant l'idée que le cinéma «se devait de montrer qui sont les jihadistes et le lavage de cerveau qu'ils font subir à population».

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