En direct
A suivre

Polémique autour du film Mignonnes : Netflix poursuivi au Texas pour pornographie infantile

Netflix est visé au Texas par une procédure judiciaire pénale pour le film français «Mignonnes», accusé d'hypersexualiser des fillettes.

La plateforme de streaming américaine a été inculpée le 15 septembre par un grand jury dans le comté de Tyler, à l'est de Houston, révèle un document rendu public mardi par un élu local. Selon l'accusation, Netflix a «promu en connaissance de cause» des visuels qui donneraient à voir «l'exhibition obscène» des parties génitales de mineures, sollicitant un «intérêt lubrique pour le sexe», un crime passible de prison dans l'Etat conservateur. Le greffier du comté de Tyler a confirmé à l'AFP qu’ «aucune date d’audition» n'avait «été fixée pour le moment».

«Cuties», le titre américain du film de Maïmouna Doucouré, évoque l'histoire d'Amy, préadolescente parisienne de 11 ans qui intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives. Le grand jury a également tranché que le film n'avait «aucune valeur littéraire, artistique, politique ou scientifique réelle».

En septembre, plusieurs élus ultraconservateurs de l’Etat américain avaient entretenu la controverse. Parmi les personnalités politiques à s'être exprimées sur le sujet, le sénateur républicain du Texas Ted Cruz, qui n'avait pas vu le film, avait appelé au boycott et demandé au ministère de la Justice d'enquêter sur de possibles infractions aux lois interdisant la pédopornographie. Le procureur général du Texas Ken Paxton avait lui aussi demandé à Netflix de retirer le film de sa plateforme, tout comme le représentant Brian Babin qui acccuse le film de pédopornographie. C'est d'ailleurs son fils Lucas Babin, le procureur du comté de Tyler, qui a estimé qu’il y avait un «motif suffisant de penser que le film était criminel». Le Monde relève que Lucas Babin est ironiquement un ancien acteur et mannequin, qui a notamment joué dans le film Rock Academy  en 2003, avec Jack Black. Il interprétait un élève qui jouait de la guitare torse nu de manière lascive.

le film entend justement alerter des dangers de l'hypersexualisation

Une porte-parole de Netflix a défendu mardi le film auprès de l'AFP : «Mignonnes est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants. Cette accusation est sans fondement et nous continuons de soutenir le film.» 

En France, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a pris le mois dernier la défense de Maïmouna Doucouré, dénonçant des critiques qui «se fondent sur une série d'images réductrice et décontextualisée du film». L'intention prêtée à la réalisatrice, a-t-elle asséné, est «en contradiction totale avec le propos de son oeuvre». Le 15 septembre les cinéastes de l'ARP ont eu aussi apporté leur soutien au long-métrage.

« La polémique a commencé avec l’affiche… Le plus important, c’est de regarder le film et de comprendre que nous menons le même combat», avait de son côté déclaré Maïmouna Doucouré dans une interview pour Vanity Fair. Au moment de la sortie du film en France, la réalisatrice avait confié que son film pointait justement du doigt les dangers de l’hypersexualisation des enfants afin d'alerter sur ses dérives et ses dangers.

«J’en ai eu l’idée (du film) après avoir vu dans une fête de quartier des filles de 11 ans danser de façon hyper lascive. Je me suis dit, est-ce qu’elles ont conscience du message qu’elles envoient ?» avait-elle expliqué pour Paris Match. Maïmouna Doucouré décrit son film comme un cri d’alarme, «un uppercut nécessaire sur l’aliénation des adolescents au temps des réseaux sociaux», insistant sur l’«urgence à remettre en question les outils qu’on leur donne pour se construire.»

Retrouvez toute l'actualité Cinéma ICI.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités