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Areva tente de tourner la page Fukushima

L'usine d'enrichissement d'uranium du Tricastin le 31 mai 2012 à Saint-Paul-Trois-Chateaux, dans le sud est[AFP]

Areva veut tourner la page Fukushima avec sa nouvelle usine d'enrichissement d'uranium du Tricastin, qu'elle espère faire monter à plein régime grâce à des contrats avec la Chine ou l'Inde, venant remplacer des clients perdus comme le Japon.

L'ancienne usine, "Eurodif, fournissait 25% du marché mondial, y compris le Japon", dit Frédéric de Agostini, directeur de cet unique site d'enrichissement d'uranium du géant nucléaire français, alimentait jusqu'à l'accident de Fukushima en mars 2011 les centrales nippones, désormais à l'arrêt.

Promenant des journalistes sur le site, M. de Agostini minimise cependant les conséquences de cette "actualité", en positivant le fait que Fukushima a "permis d'anticiper" de plusieurs mois la fermeture de l'usine historique, Eurodif/Georges Besse 1, qui alimentait une centaine des plus de 400 réacteurs dans le monde, alors même que la nouvelle produit encore peu.

"Nous étions avec une usine en phase d'arrêt et une autre usine en phase de démarrage. Nous avions prévu un certain nombre de stocks de sécurité pour pouvoir anticiper cette période de transition. Et puis ces impacts de Fukushima nous ont permis d'arrêter en mai, alors que nous avions prévu de l'arrêter à l'automne", tente-t-il de convaincre, dans une salle de contrôle où s'éteignent peu à peu les voyants sur un écran datant de la construction du site, dans les années 1970.

"Aujourd'hui, le marché n'est pas en demande, ça n'est pas la peine de créer des stocks", relativise M. de Agostini, alors qu'Areva a reporté sine die la construction d'une usine similaire, baptisée Eagle Rock, aux Etats-Unis, dans le cadre de son drastique plan de redressement stratégique annoncé fin 2011.

Dans l'usine historique, les seuls ouvriers croisés sont des sous-traitants, certains circulant à vélo pour parcourir les allées sans fin reliant les énormes diffuseurs en acier, s'attelant aux opérations de mise en arrêt.

Seul un mince nuage de vapeur d'eau s'échappe encore des tours de refroidissement, visibles depuis l'autoroute A7 proche, et tout cessera définitivement le 7 juin, après quoi sera préparé le démantèlement, qui durera plusieurs années.

Toutes les centrifugeuses installées

A quelques centaines de mètres de là, l'usine Georges Besse 2 monte en puissance depuis sa mise en production en 2011. A l'intérieur, toutes les cascades de centrifugeuses sont installées, selon un procédé acheté par Areva à son concurrent, Urenco.

Le principal atout de ce virage industriel, avec le passage d'une technique de diffusion gazeuse à la centrifugation, est d'être "beaucoup moins énergivore", utilisant "50 fois moins d'énergie électrique" que la vieille usine, fait valoir Pascal Turbiault, responsable de Georges Besse 2.

Autre avantage de la nouvelle usine, qui représente un investissement de plus de trois milliards d'euros : "une souplesse importante" de la production qui permet de "s'adapter au marché", ajoute-t-il, en montrant à l'AFP une cascade de centrifugeuses.

Seules 400 personnes seront employées ici, contre 1.200 à Georges Besse 1, les autres étant redéployées ou partant en retraite.

Pour l'heure, la nouvelle usine, censée conforter la position d'Areva sur le marché de l'enrichissement d'uranium, tourne à 1,5 millions d'UTS annuels (unité de travail de séparation, outil de mesure nucléaire), contre une capacité de 7,5 millions d'UTS à son niveau de pleine production, visé pour fin 2015. Loin des niveaux des années fastes du nucléaire où Eurodif tournait à 10 millions d'UTS.

Néanmoins, "le carnet de commandes est complet jusqu'en 2020-2022. On en a sécurisé une bonne partie", assure M. de Agostini.

Il veut croire à un redémarrage mondial du secteur et aux "marchés de demain que sont l'Inde et la Chine", la France bâtissant des réacteurs EPR pour Pékin.

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