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Bientôt des algues dans l'assiette ?

Une agricultrice ramasse des algues à Bali[AFP/Archives]

Plutôt mal perçu, ce "légume de la mer" encore sous-exploité en France recèle un fort potentiel de croissance sur le marché de l'agro-alimentaire, prédisent chercheurs et entrepreneurs qui se sont lancés à la conquête de cet eldorado.

La France, qui importe plus de 50.000 tonnes d'algues par an et en produit 70.000, considère souvent les algues "comme un déchet", déplore Jean-Yves de Chaisemartin, maire de Paimpol (Côtes-d'Armor) et vice-président d'Aleor, spécialisé dans la culture et la transformation des algues à destination de l'alimentation et des cosmétiques.

En dépit de cette mauvaise image, liée notamment au scandale des algues vertes devenues toxiques en se décomposant sur les plages de Bretagne, plusieurs entrepreneurs se sont engouffrés dans la brèche. Car la matière première disponible est abondante.

Olmix, un groupe breton créée en 1995 par Hervé Balusson et spécialisé dans la chimie verte, développe actuellement un projet de récolte en mer des algues vertes, brunes et rouges notamment pour l'alimentation des poissons dans le cadre de l'aquaculture.

L'entreprise veut mettre sur pied une "filière de valorisation" allant de la collecte à la transformation.

 

La grande distribution intéressée

L'industrialisation, c'est aussi l'objectif d'Aleor, qui s'appuie sur le modèle de la coopérative agricole pour développer une filière de production des algues. Elle démarre à grande échelle en septembre, pour une première récolte en janvier 2013 dont la tonne pourrait être rachetée 1.300 euros.

L'entreprise vise à se substituer aux importations en France, en surfant notamment sur la vague "des sushis et des salades préparées", affirme Jean-François Sassi, responsable du département algues produits au Centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva), partenaire à la fois d'Aleor et d'Olmix. "Des entreprises de la grande distribution et de l'agro-alimentaire" s'intéressent d'ailleurs au sujet, affirme-t-il sans donner plus de détails.

Actuellement, l'essentiel des importations est toutefois utilisé "comme matière première par l'industrie pour les gélifiants" (flans, cosmétiques...), précise M. Sassi, interrogé cette semaine par l'AFP en marge des rencontres d'Innov Eco sur l'économie verte à Paris.

 

Potentiel de croissance en Asie

En France, "nous ne sommes pas sur une consommation de masse", prévient d'ailleurs M. de Chaisemartin, interrogé par l'AFP en marge du salon Invest in Blue sur l'économie marine, qui s'est tenu simultanément dans la capitale.

Au-delà des frontières françaises, le potentiel de croissance est important, notamment en Asie où les capacités de production arrivent "à saturation", affirme M. Sassi.

La Chine, qui a pris 60% des parts de marché en dix ans selon lui, se trouve confrontée à des difficultés d'"accès au milieu maritime" et à la "dégradation de sa qualité", poursuit le spécialiste.

Tous ces éléments font dire à M. Sassi que la Bretagne, "le deuxième pays de l'algue vu du Japon", a toutes ses chances. D'autant que certaines professions, comme les éleveurs d'huîtres et de moules, qui ont accès au domaine maritime, "sont prêtes à se diversifier dans la production d'algues", indique-t-il. Certains sont d'ailleurs partie prenante au projet Aleor.

A terme, "on pense raisonnablement atteindre une production de l'ordre d'un million de tonne par an", dans la région nord-ouest de l'Europe, avance M. Sassi.

A titre de comparaison, ce sont 15 millions de tonnes d'algues qui sont produites dans le monde par an pour un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars, affirme le spécialiste.

Ces algues sont issues à 90% de l'algoculure et utilisées à 80% comme "algue légume", précise M. Sassi.

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