En direct
A suivre

"La victoire a changé de camp", par Jacques Séguéla

Jacques Séguéla Jacques Séguéla, publicitaire[DR]

Jamais campagne n’aura été aussi poignante. A la manière des séries américaines, chaque épisode s’enchaine sur un nouveau rebondissement.

Débutée dans les stupres strausskahniennes, relancée dans les hourrah de la primaire, révélée par les débats omniprésents - actu en boucle oblige - à l’orée de l’enlisement dans l’étouffoir médiatique de l’équité, la voici relancée par l’horreur terroriste. Les drames sont des révélateurs de caractère. Et cette campagne se joue sur le caractère. Ce si douloureux fait divers a aussitôt viré au fait politique : les masques sont tombés, la victoire a changé de camp.

Que penser de François Bayrou, le Prince de la morale, refusant de renoncer à son meeting du soir même, pour mieux dénoncer l’hallalisation sarkozienne, « détonateur » de l’attentat. Que dire de Jean Luc Mélenchon, le révolutionnaire « entrant en résistance », renonçant au sas de silence qu’imposait ce traumatisme national pour mieux traiter à son tour Nicolas Sarkozy d’anxiogène. Que croire de François Hollande lui-même, le Janus de la République jouant les Présidents fantômes, s’écriant à juste titre « c’est la République dans ce qu’elle a de plus grand, de plus fort, son unité qui doit répondre de cette barbarie », mais qui se précipitait dès le lendemain chez BFM pour lancer tout aussi insidieusement : « il y a des mots qui influencent, qui pénètrent, qui libèrent … ». Craignent t-ils tous que la gravité de l’heure profite au discours le plus régalien ? Que sous -entendre de Marine Le Pen, la fille de son père, déclarant sur LCI que « le danger fondamentaliste a été sous-estimé dans notre pays … C’est un recul de la République … et un aveuglement idéologique ». Au moment même où le RAID soigne ses blessés et cerne le tueur.

Curieusement, nul d’entre eux ne s’est réjoui que le « candidat sortant » soit redevenu le Président protecteur, chef d’Etat et de guerre, fut il contre un seul homme, né pour tuer. La guillotine des sondages est tombée : Sarkozy accroit son avance sur Hollande (30 /28), Marine Le Pen chute à 13, l’espoir de victoire change de camp. La série a repris son cours, la parole est aux petits candidats priés, dans les quinze jours qui leur restent, de devenir grands. Mission impossible ! Les favoris continueront leur course en tête. Les familles de Gabriel, d’Arieh, de Jonathan, de Myriam pleurent leurs morts. Que les politiques n’oublient pas leurs promesses faites sur leurs tombes de « vivre ensemble ». Les Français eux ne l’oublieront pas.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités