Une seule question demeure. La Société Générale pouvait-elle ignorer les agissements de Jérôme Kerviel jusqu’à début 2008 ? Le procès en appel de l’ex-trader s'est ouvert ce matin à Paris pour y répondre.
Dès l'ouverture de son procès en appel le lundi 4 juin, Jérôme Kerviel a affirmé qu'il n'était "pas reponsable" de la perte de 4,9 milliards d'euros. "Je considère que je ne suis pas responsable de cette perte et des faits qui me sont reprochés, j'ai toujours agi en connaissance de cause de ma hiérarchie", a déclaré l'ancien trader qui s'est présenté à la cour "sans profession depuis un an" et "actuellement" sans revenus.
En première instance, le tribunal a considéré que Kerviel avait réalisé un montage financier masquant ses positions spéculatives à l’insu de la direction. Celles-ci avaient causé la perte de près de 5 milliards d’euros. Une somme qu’il avait été condamné à verser en dommages et intérêts (mais que la banque n’a pas réclamée) en plus de cinq années de prison.
Poursuivi pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque, Kerviel avait admis avoir «joué avec le feu» mais toujours dans le but de faire gagner de l’argent à sa banque. Son avocat d’alors, Me Olivier Metzner, avait assuré que Kerviel était la «créature» de la Société Générale.
Mais depuis, le prévenu a engagé le très médiatique Me David Koubbi, et est passé à l’offensive. Il a annoncé il y a quelques semaines le dépôt de deux plaintes : la première pour escroquerie (la SoGé aurait omis de déclarer lors du premier procès qu’elle avait récupéré une partie de la somme perdue) et la seconde pour faux (Kerviel accuse son ex-employeur d’avoir tronqué des enregistrements à charge). Ce à quoi le groupe a répondu par deux plaintes pour dénonciation calomnieuse.
Les audiences se dérouleront jusqu’au 28 juin avant que le jugement ne soit, sans doute, mis en délibéré.
En image : les plus grosses pertes des traders