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Kerviel plaide désormais la théorie du complot

L'ancien trader Jérôme Kerviel. [MARTIN BUREAU / AFP]

Jérôme Kerviel a laissé entendre mercredi à son procès en appel que ses chefs l'avaient laissé sciemment aller dans le mur parce qu'il devait servir de fusible à la Société Générale engluée selon lui en 2007-2008 dans la crise des "subprime" américains.

Une théorie du "complot" que la présidente de la cour, Mireille Filippini, manifestement peu convaincue, essayait de démêler avant la suspension de midi. Un "feuilleton policier", a ironisé Jean Veil, un des avocats de la Société Générale.

Depuis le début de l'audience, la deuxième de son procès en appel, l'ancien trader était à la peine pour expliquer pourquoi il avait pris des positions spéculatives massives et pourquoi il les avait dissimulées avec des opérations fictives et de fausses déclarations, tout en affirmant que tout le monde autour de lui était au courant.

Pourquoi ses chefs l'avaient-ils alors laissé faire, s'ils savaient que ses positions, dès mars 2007, dégageaient une "perte latente" conséquente?, a demandé pour la énième fois la présidente.

Peut-être que "j'avais une utilité", a alors répondu l'ancien trader.

"A cette époque-là déjà, la crise des subprime (crédits immobiliers à risque américains, qui ont provoqué une crise financière mondiale, ndlr) commençait à se propager (...) il y avait déjà une grosse perte latente, je pense qu'il fallait faire sauter un Jérôme Kerviel à un moment ou un autre", a-t-il lâché.

L'ancien trader avait déjà affirmé par le passé que "l'affaire Kerviel" avait représenté un "effet d'aubaine" pour la Société Générale, qui avait révélé en janvier 2008 une perte de 4,9 milliards d'euros imputée à une "fraude" de Jérôme Kerviel. Selon lui, cela permettait à la banque de minimiser son exposition aux subprime. Mais il n'avait jamais aussi clairement fait état d'un projet fomenté dès mars 2007.

Juste avant d'évoquer cette théorie du complot, Jérôme Kerviel s'était décrit mercredi comme "un hamster dans une roue" dont ses chefs décidaient de la vitesse, tandis que lui devait "pédaler de plus en plus vite" pour gagner toujours plus d'argent pour la banque.

Jérôme Kerviel a été condamné en 2010 à cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts de 4,9 milliards d'euros. Le tribunal l'avait notamment reconnu coupable d'abus de confiance et de faux.

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