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L'Ecole en bateau : Kameneff "s'excuse", la cour délibère

Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, le 21 mars 2013 au palais de justice de Paris [Patrick Kovarik / AFP] Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, le 21 mars 2013 au palais de justice de Paris [Patrick Kovarik / AFP]

La cour d'assises des mineurs de Paris s'est retirée vendredi pour délibérer dans le procès du fondateur de l'Ecole en bateau, jugé avec trois anciens équipiers pour des abus sexuels sur neuf enfants ayant participé dans les années 80 et 90 à cette école alternative.

Appelé à la barre pour une dernière prise de parole avant que les jurés ne se retirent, Léonide Kameneff a présenté ses "excuses à ceux à qui (il) a fait du mal". "Je ne suis pas en situation de demander pardon (...), le pardon ça ne se demande pas, ça s'octroie", a-t-il ajouté.

M. Kameneff, 76 ans, et trois anciens équipiers - dont un mineur au moment des faits - sont jugés depuis le 5 mars devant la cour des assises des mineurs de Paris pour viols et agressions sexuelles entre 1981 et 1994 sur neuf anciens élèves, aujourd'hui âgés de 33 à 46 ans.

Le parquet a requis dix à douze ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'ancien psychothérapeute.

Au cours des trois semaines d'audience, les plaignants ont livré à la barre des témoignages poignants sur "l'emprise" psychologique exercée par les encadrants, notamment à bord du Karrek Ven, le bateau amiral de l'association, dans un climat où la nudité et les relations sexuelles entre adultes et enfants étaient valorisées.

Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013 [Elodie Le Maou / AFP/Archives]
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Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013
 

"Le sexe était devenu l'étalon pour l'intégration à l'aventure", a accusé l'avocat général dans son réquisitoire. Derrière "la vitrine incroyablement rutilante" de l'Ecole en bateau, sujet de nombreux reportages de presse ou de télévision, sévissait "une pédophilie en col blanc", a déploré l'avocat des parties civiles.

Près d'une trentaine d'autres anciens élèves, parmi les centaines ayant participé entre 1969 et 2002 à cette aventure de pédagogie alternative qui souhaitait offrir aux jeunes une autre manière d'apprendre, ont aussi dénoncé des abus sexuels, mais ces faits sont prescrits.

"J'ai pris conscience peu à peu au cours de ce procès des souffrances que j'avais causées", a encore déclaré vendredi Léonide Kameneff. Accusé dans ce procès d'abus sexuels sur cinq des neuf plaignants, il a reconnu à l'audience des abus sexuels sur trois d'entre eux. "J'ai la certitude, aussi énorme que cela puisse paraître, qu'il y avait de l'amour" dans la relation de M. Kameneff avec ses élèves, a plaidé jeudi son avocat, Me Yann Choucq. Mais "les ayant trop aimés, vous les avez mal aimés", a-t-il lancé à son client.

Pardon

Jean-Francois Tisser à son arrivée le 11 mars 2013 au palais de justice à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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Jean-Francois Tisser à son arrivée le 11 mars 2013 au palais de justice à Paris
 

Son ancien bras droit, Bernard Poggi, 60 ans, contre lequel le parquet a requis trois ans de prison ferme pour des abus sexuels sur quatre plaignants, a pour sa part demandé "pardon", "même si c'est peut-être trop tard". A l'audience, il a révélé avoir lui-même été abusé par Kameneff à l'âge de 12 ans.

Alors que ce dernier s'est retranché pendant une bonne partie du procès derrière l'idéologie libertaire des années 70 et a récusé fermement le terme de "pédophilie", M. Poggi a admis avoir été un "pédophile, un prédateur, un salopard". Ce père de trois enfants a tenté de convaincre la cour qu'il avait changé depuis. "Je ne suis plus celui que j'ai été", a-t-il encore insisté vendredi.

Une peine de trois ans de prison avec sursis a également été requise contre Jean-François Tisseyre, 58 ans, un autre encadrant aujourd'hui lourdement handicapé qui conteste le viol pour lequel il est poursuivi.

L'avocat général a en revanche demandé l'acquittement d'un autre "enfant abusé devenu abuseur", G. C, 39 ans, accusé de viols et d'agressions sexuelles alors qu'il était lui-même élève de l'Ecole en bateau, et également partie civile dans ce dossier. "Il faut lui rendre la seule place qui lui revient dans cette affaire", celle de victime, a plaidé son avocat.

Alors que le parquet a relevé la "responsabilité écrasante" de Léonide Kameneff, "abuseur d'enfants" ayant "engendré d'autres abuseurs d'enfants", ce dernier a dénoncé auprès de l'AFP un "lynchage" médiatique pendant le procès. "Ma culpabilité paraissait évidente pour tous avant même le début du procès", a-t-il dit.

Le verdict est attendu en fin de journée.

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