En direct
A suivre

Pôle emploi : le médiateur Jean-Louis Walter se décrit comme un "équilibriste"

Jean-Louis Walter le 9 avril 2013 dans une agence de pôle emploi à Paris [Martin Bureau / AFP/Archives] Jean-Louis Walter le 9 avril 2013 dans une agence de pôle emploi à Paris [Martin Bureau / AFP/Archives]

Pris en étau entre des chômeurs en détresse et une institution en "hyperactivité administrative", le flegmatique médiateur de Pôle emploi se décrit comme un "équilibriste". Mais, à 63 ans, l'ex-numéro deux de la CFE-CGC, amateur de bonne chère, aime surtout mettre les pieds dans le plat.

La médiation, Jean-Louis Walter s'y est initié à Mulhouse, au coeur des ateliers Peugeot, dans les années 1970. Ingénieur frais émoulu des Arts et métiers, il planche alors sur la future 104. "En tôlerie, il y avait 17 nationalités différentes, le compromis, c'était tous les jours", raconte-t-il avec un accent alsacien marqué.

Doté d'une "âme de leader" cultivée chez les scouts, il atterrit à 27 ans au syndicat des cadres, après s'être "frité" avec son directeur. "J'y ai trouvé des gens très bien, sans doctrine, aussi bien socialistes que RPR", se souvient celui qui revendique "des amis à droite comme à gauche" et dit "ne pas trop aimer les extrêmes". Pour le jeune homme qui aime "jouer les poils à gratter", c'est une révélation. Et le début d'une ascension qui le mènera au poste de numéro deux de la centrale.

Après 38 ans chez Peugeot et 30 ans de syndicalisme, "usé par les blocages et les débats à n'en plus finir", il est nommé, sur recommandation du président Jacques Chirac, conseiller général des établissements de santé, avant d'intégrer l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS), une expérience "bizarre" mais instructive.

C'est à ce moment-là, en 2010, que le premier médiateur national de Pôle emploi, Benoît Genuini, jette l'éponge avec fracas après la remise de son premier rapport annuel. L'ex "Monsieur emploi" de la CFE-CGC, qui a négocié pas moins de cinq conventions d'assurance-chômage en tant qu'administrateur de l'Unédic, est nommé à son poste.

Menaces de suicide

De son prédécesseur, Jean-Louis Walter dit: "Il ne connaissait ni le sujet, ni la matière. Il s'est lancé à l'offensive et a pété les plombs rapidement". "Il faut des personnes d'une grande indépendance d'esprit pour faire cette mission", juge de son côté l'intéressé, qui affirme que tous ses anciens collaborateurs sont partis, "sauf un ou deux, écoeurés de la façon dont ça se passe".

A Pôle emploi, où son bureau se trouve "au même étage mais à l'opposé" de celui du directeur général, le médiateur dit jouir d'une totale indépendance et travailler en confiance: "Avec Jean Bassères, ça se passe très bien. Ca ne veut pas dire qu'on s'embrasse sur la bouche, c'est un garçon qui a du punch, moi aussi".

Patient, il se réjouit de, peu à peu, faire bouger les choses. Récente victoire: une réforme des procédures de radiation des listes de Pôle emploi, réclamée de longue date par les associations de chômeurs. Ces dernières saluent une "écoute" et un homme qui "prend les dossiers à bras-le-corps", mais regrettent que "ses préconisations restent trop souvent lettre morte".

Jean-Louis Walter ne manque pas une occasion de tirer à boulets rouges sur la réglementation définie par l'Unédic, "trop complexe", comme sur Pôle emploi, parfois décrit comme une "usine à gaz" dépassée par l'afflux de chômeurs (5,3 millions d'inscrits en mars, un record).

Après l'immolation par le feu d'un demandeur d'emploi en février à Nantes, qui a enclenché une vague de menaces de suicide, le médiateur évoque des "contacts rugueux" avec les chômeurs. "On a de plus en plus de coups de fils où les gens nous expliquent qu'ils vont faire sauter la bonbonne", raconte celui qui traite plus de 22.000 réclamations par an et s'alarme d'un "climat social en surchauffe".

Il n'envisage pourtant pas de raccrocher: il prépare pour l'été un rapport sur la très délicate question des "indus", ces sommes, parfois très importantes, versées par erreur à certains chômeurs.

Pour décompresser, chaque week-end, il grimpe dans un TGV direction l'Est, rejoindre sa famille et s'adonner à ses passions: marche, défense du dialecte alsacien et cuisine. "Autour d'une bonne table, on peut aussi arranger beaucoup de choses", dit-il.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités