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Bourdouleix dans le collimateur de Valls

Manuel Valls (C) le 22 juillet 2013 à Trappes [François Guillot / AFP]

Le député-maire UDI de Cholet, Gilles Bourdouleix, a suscité la colère du ministre de l'Intérieur Manuel Valls mardi, au lendemain de ses déclarations sur les gens du voyage publiées dans le Courrier de l'Ouest, qui devraient lui coûter des ennuis judiciaires et une exclusion de son parti.

Selon des propos rapportés lundi par le journal, M. Bourdouleix a déclaré, après l'installation illégale sur sa commune dimanche de quelque 150 caravanes de gens du voyage, qu'"Hitler n'en a peut-être pas tué assez".

"Ce n'est pas une dérive, ce n'est pas un dérapage, ce sont des mots qui sont inadmissibles et la justice a été saisie parce que ces propos, c'est de l'apologie de crime de la deuxième guerre mondiale, de l'apologie du nazisme et dans la bouche d'un maire, d'un parlementaire, c'est tout à fait insupportable", s'est indigné le ministre de l'Intérieur Manuel Valls sur i-Télé.

Gilles Bourdouleix, le député-maire (UDI) de Cholet, devant sa mairie, le 26 mai 2006 [Frank Perry / AFP/Archives]
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Gilles Bourdouleix, le député-maire (UDI) de Cholet, devant sa mairie, le 26 mai 2006
 

"On ne peut pas accepter de tels propos", a-t-il insisté, soulignant que cet élu venait de les "nier, contre toute évidence", quelques minutes plus tôt sur la même antenne. "Il doit être sanctionné très lourdement par la justice", a ajouté M. Valls.

De son côté, le préfet du Maine-et-Loire a annoncé lundi soir qu'il allait saisir, à la demande du ministère de l'Intérieur, le procureur de la République pour "apologie de crime contre l'Humanité" à la suite de ces propos.

Sollicité par l'AFP, le procureur d'Angers, Yves Gambert n'était pas joignable mardi matin.

Côté politique, l'UDI dira mercredi s'il exclut M. Bourdouleix. Pour son secrétaire général, Jean-Christophe Lagarde, l'exclusion est acquise.

La polémique intervient après une série de confrontations estivales entre différents élus locaux et des gens du voyage. Le maire UMP de Nice avait ouvert le bal début juillet en promettant de "mater" ces derniers.

Réactions unanimes

Jean-Louis Borloo et Gilles Bourduleix le 23 juin 2011 à la mairie de Cholet [Frank Perry / AFP/Archives]
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Jean-Louis Borloo et Gilles Bourduleix le 23 juin 2011 à la mairie de Cholet
 

Le Courrier de l'Ouest a précisé qu'au moment de ses propos polémiques, M. Bourdouleix se trouvait sur le terrain, où les gens du voyage l'ont accueilli par des saluts nazis, selon le journal. En diffusant lundi à la mi-journée un enregistrement sur son site internet, le journal a confirmé que M. Bourdouleix a bien tenu ces propos, alors qu'il se trouvait dans le campement.

Mais M. Bourdouleix a réfuté la version donnée par le journal. Il a répété mardi matin sur iTélé qu'il était victime d'une "manipulation" de la part du journal qui voulait "lui faire la peau".

Le maire continue d'affirmer qu'il n'a fait que répéter une phrase qu'on venait de lui dire.

Selon lui, il aurait marmonné face aux gens du voyage qui lui faisaient de saluts nazis: "imbéciles, si c'était Hitler vous seriez tués tout de suite, ou quelque chose qui ressemble à cela".

M. Bourdouleix maintient la thèse d'une manipulation de la bande son diffusée par le journal, dans laquelle, selon lui, on entend un "petit clic". Or, selon le site Numerama qui a effectué une analyse superficielle de cette bande, diffusée mardi en ligne, rien ne permet de détecter de montage.

De son côté, le rédacteur en chef du Courrier de l'Ouest, Bruno Goeffroy, a indiqué mardi à l'AFP: "nous maintenons que nous avons fait notre métier le plus proprement du monde et que les éléments donnés sont authentiques".

"On se réserve le droit de porter plainte (contre le maire, ndlr) pour injure publique et accusation mensongère", a ajouté M. Geoffroy. La classe politique a réagi unanimement ces dernières heures aux propos de M. Bourdouleix.

 
 

Dans un communiqué mardi, la LDH a appelé "les pouvoirs publics à ne pas se contenter de poursuivre les élus qui font l'apologie de crime contre l'humanité, mais à s'attaquer aussi, en actes et sans plus tarder, à l'injustice qui nourrit la bêtise et la haine".

Lundi après-midi, les gens du voyage ont quitté d'eux-mêmes les lieux et sont partis en Vendée.

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