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UIMM : les syndicats défient DGS de donner des noms

L'ancien président de l'UIMM Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013 [Eric Feferberg / AFP] L'ancien président de l'UIMM Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013 [Eric Feferberg / AFP]

Les grands syndicats se sont tous défendus mardi d'avoir reçu un centime des caisses noires de l'UIMM, mettant au défi l'ancien patron de l'organisation patronale, Denis Gautier-Sauvagnac, qui les a mis en cause devant le tribunal correctionnel de Paris, de donner des noms.

"La CFDT n'a pas touché d'argent de cette fameuse caisse", s'est emporté mardi le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, sommant M. Gautier-Sauvagnac de donner "des noms, des sommes, des faits".

Lundi lors du procès, ouvert le 7 octobre, M. Gautier-Sauvagnac a affirmé que "les syndicats" étaient parmi les bénéficiaires des enveloppes d'argent liquide de l'UIMM, confirmant des propos tenus à la barre la semaine dernière par son prédécesseur, Arnaud Leenhardt. L'ex-patron de l'UIMM n'a pas révélé les noms des destinataires de ces enveloppes, censées "fluidifier" les relations sociales.

La justice s'interroge sur la destination d'environ 16 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 des caisses de l'"entraide professionnelle" de l'UIMM (Epim), une structure visant à apporter "un appui moral et matériel" à ses adhérents subissant un conflit du travail.

"S'il nomme la CFDT, nous attaquons" en justice, a prévenu M. Berger, car "nous nous estimons attaqués sur cette affaire-là".

La fédération métallurgie de la CFDT avait assuré la semaine dernière n'avoir été destinataire d'aucun "versement secret" de l'UIMM. Elle a reconnu avait perçu légalement 21.000 euros, entre 2002 et 2006, pour remboursements de frais de participation à des réunions paritaires.

Pour M. Berger, "on désigne à la vindicte populaire les syndicats" mais "il y a sans doute d'autres choses à cacher". Le "syndicalisme bashing", cela "fait le lit de qui?", demande-t-il, en référence à la montée du Front national.

L'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours!

Me Jean-Yves Le Borgne avocat de Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013  [Eric Feferberg / AFP]
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Me Jean-Yves Le Borgne avocat de Denis Gautier Sauvagnac au tribunal correctionnel de Paris, le 7 octobre 2013
 

 

L'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours!

 

Son homologue de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a affirmé, de son côté, que "la confédération force ouvrière n'a jamais vu arriver un centime de ce côté là".

"Un coup c'est les syndicats, un coup c'est les journalistes, un coup c'est les partis politiques, ça fait penser à l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours! A la fin on ne sait pas qui a vu quoi", a-t-il lancé en référence aux récipiendaires divers et variés cités par l'ancien patron de l'UIMM.

Marc Blondel, qui a dirigé FO de 1989 à 2004, a de son côté "certifié très clairement que la Confédération générale de Travail-Force ouvrière n'a jamais touché un sou de l'UIMM".

"La CGT n'a jamais touché de l'argent de l'UIMM", a assuré, catégorique, Thierry Lepaon, leader de la centrale.

"Si Didier Gautier-Sauvagnac se rappelle à qui il a donné de l'argent, comment et combien, qu'il le dise. Il y en a marre des suspicions et de mettre tous les syndicats au même niveau", a lancé le leader de la CGT.

Le secrétaire général de la CGT métallurgie, Philippe Martinez, avait également nié lundi toute implication de son syndicat. "Ce que nous voulons savoir c'est: à qui ont été données ces sommes? Quand? Comment? Sous quelle forme? Pour l'instant on ne sait rien."

La CFTC et sa Fédération métallurgie ont, de leur côté, démenti dans un communiqué "avoir touché de quelque provenance, une quelconque enveloppe d'argent liquide". Le syndicat chrétien "se réserve le droit d'attaquer en justice toute personne le désignant, en alléguant le contraire".

Depuis la loi de 2008, les confédérations syndicales sont tenues de présenter chaque année des comptes certifiés.

Le président du Medef Pierre Gattaz, qui a pris les rênes de l'organisation patronale en juillet dernier, a choisi de temporiser: "C'est une vieille histoire, il y a un procès en cours, il faut laisser faire la justice", a-t-il dit.

Lors de l'audience mardi, un ancien président de l'UIMM, Daniel Dewavrin, a affirmé qu'il n'était "pas étonné que l'ensemble des syndicats, dans un cri de pureté offensée, disent aujourd'hui qu'ils n'ont rien touché".

A l'instar de Denis Gautier-Sauvagnac, il a fait valoir que, s'il donnait les noms des bénéficiaires, "les gens nieraient et comme il n'y a aucune preuve, on n'irait nulle part".

em/bow/pad

 

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