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Les tracteurs en colère à l'assaut de Paris

Des agriculteurs manifestent avec leurs tracteurs le 8 novembre 2013 près de Valenciennes [Francois Lo Presti / AFP/Archives] Des agriculteurs manifestent avec leurs tracteurs le 8 novembre 2013 près de Valenciennes [Francois Lo Presti / AFP/Archives]

La circulation s'annonce compliquée jeudi aux abords de Paris avec la mobilisation dès l'aube des agriculteurs d'Ile-de-France, décidés à bloquer des axes routiers majeurs pour faire entendre leur colère contre le gouvernement.

Selon la Préfecture de police, "les secteurs sud et ouest franciliens peuvent être fortement impactés", notamment les autoroutes A6, A10, A12, A13 et A15, et les routes nationales N12, N20 et N118 - sans exclure d'autres axes du réseau ainsi que les voies ferrées sur l'ouest - dont la ligne TGV.

Dès 5h30, un journaliste de l'AFP a pu voir des tracteurs se rassembler sur un rond-point à Monfort-l'Amaury (Yvelines), à 40 km de Paris. Une vingtaine de véhicules, arborant des panneaux "Fauchés comme des blés" ou "Le Foll démission", attendaient un second convoi, avec l'intention d'emprunter la Nationale 12 en direction de la Capitale. Ils devraient toutefois laisser libre une voie de circulation.

Peu avant 06H00, le Centre national d'informations routières ne signalait pas encore de perturbations.

Deux organisations, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles d'Ile-de-France (FDSEA) et la section régionale des Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé leurs adhérents à organiser un "blocus de Paris" jusqu'en fin de matinée.

"On appelle plutôt à du filtrant, l'idée c'est de pas être totalement impopulaires", a nuancé mercredi le président de la FDSEA Damien Greffin.

La mobilisation concerne les départements de l'Essonne, des Yvelines et du Val-d'Oise, les autres appelant à une autre journée de mobilisation le 29 novembre.

Explosion de colère

Lancé lundi contre la "surfiscalité" et l'excès de réglementations parfois contradictoires, pour réclamer la démission du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le mot d'ordre s'est recentré contre la redistribution des aides européennes entre céréaliers et éleveurs (au profit de ces derniers) à la faveur de la nouvelle Politique agricole commune (PAC).

La FDSEA est particulièrement remontée contre la disposition, défendue par la France, qui consiste à surdoter les 52 premiers hectares, pour avantager les petites exploitations.

Selon Damien Greffin, qui exploite seul 150 ha de céréales et betteraves dans l'Essonne, cette nouvelle donne représenterait "une perte de revenus de 30 à 40% pour les céréaliers".

"On va massacrer l'agriculture végétale et laitière avec ce dispositif qu'on sera les seuls à appliquer en Europe. Ca va faire dévisser nos entreprises", jure-t-il.

"Le vrai chiffre est 25%" répond le ministre dans un entretien au Figaro jeudi: soit "une diminution de 45 millions d'euros sur une enveloppe annuelle de 179 millions versée à quelque 5.000 exploitants".

Le président des JA François Thabuis avoue miser plutôt sur "la force de proposition" de son mouvement lors de l'examen de la loi d'avenir agricole, en janvier.

Mais Xavier Beulin, le patron de la FNSEA, la puissante fédération nationale, estime que le mouvement n'est "pas isolé" : "les contraintes mises bout à bout finissent par faire exploser la colère sur le terrain", juge-t-il.

Pour sa part il a demandé et obtenu dit-il "deux rendez-vous la semaine prochaine sur l'écotaxe et la fiscalité en général", avec les ministres de l'Agriculture et des Transports d'une part, et avec le Premier ministre d'une autre, dans le cadre de la remise à plat de la fiscalité. Mais il entend "aller plus loin" notamment sur des questions réglementaires.

En attendant, confirme-t-il, "il y aura de la gêne" jeudi autour de Paris "mais pas de blocus". Et "on n'est pas des terroristes", insiste Damien Greffin qui réfute toute assimilation aux "bonnets rouges" de Bretagne.

Quant au ministre, ciblé par le mot d'ordre des manifestants qui veulent dérouler leur "Foll journée", il a prévenu qu'il "n'avait pas pour habitude de céder aux ultimatums".

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