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Routiers : le patronat absent des négociations

Les syndicats de routiers ont repris jeudi leurs actions pour pousser le patronat à retourner à la table des négociations salariales après avoir reçu un soutien du gouvernement qui a "déploré" la politique de la chaise vide des organisations patronales.[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Les syndicats de routiers ont repris jeudi leurs actions devant le refus du patronat de retourner à la table des négociations salariales, après avoir reçu un soutien du gouvernement qui a "déploré" cette politique de la chaise vide.

 

Devant l'absence des négociateurs patronaux, les représentants de l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC et CFE-CGC), à l'origine d'une grève reconductible depuis dimanche, ont quitté jeudi matin la Direction Générale du Travail, à Paris, pour se diriger vers Matignon.

Ils demandent à être reçus par le Premier ministre Manuel Valls, fort du soutien apporté mercredi soir par Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat aux Transports.

Dans un communiqué, M. Vidalies a "déploré" le "refus" des fédérations patronales de reprendre le dialogue, jugeant que "les conditions de la négociation" étaient "réunies".

Trois de ces fédérations, la FNTR, TLF et l'Unostra estiment en revanche qu'"aucun élément nouveau ne permet de reprendre la négociation dans les meilleures conditions et d'espérer la signature d'un accord". Une quatrième, l'OTRE, s'est ralliée à leur position.

"Il y a des réalités économiques à prendre en compte et les menaces et les actions revendicatives ne changeront rien à ces réalités économiques. Nos entreprises ne sont pas en capacité d'aller au-delà de ce qu'elles proposent" en matière salariale, a déclaré Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR, jeudi sur Europe 1.

"Pour sortir de la crise", les patrons proposent "de travailler sur les améliorations" de la protection sociale et "sur les coefficients", a-t-il rappelé.

"Les menaces ne changeront rien aux réalités économiques du secteur. Nous préservons l'emploi, il faut parfois savoir choisir entre l'emploi et les augmentations salariales", a-t-il poursuivi.

Les fédérations patronales assurent en effet ne pas être "en capacité de faire mieux" que les 2% maximum de hausses de salaires qu'elles sont prêtes à consentir, alors que les syndicats réclament 5%.

Alain Vidalies a cependant souligné que les entreprises avaient "bénéficié d'importantes mesures de soutien à l'emploi" dans cette branche où "les salaires conventionnels n'ont pas été augmentés depuis deux ans et certains taux horaires sont inférieurs au Smic".

 

Risque de "radicalisation" des troupes

Abasourdis par l'attitude du patronat, selon eux "jusqu'au-boutiste", les syndicats avaient prévenu qu'en l'absence du patronat, jeudi matin, ils sommeraient l'Etat d'intervenir.

"Si à 8H30 le patronat n'est pas à la table des négociations, nous demandons solennellement que le gouvernement sorte de sa réserve et annonce immédiatement la suspension de toutes les aides publiques aux entreprises du secteur d'activité, retournant ainsi le rapport de forces", avait averti la CGT.

Le syndicat appelle également "ses militants à maintenir les actions prévues" sur l'ensemble du territoire.

De premières perturbations ont été enregistrées dans le Nord, avec plus de 11 kilomètres de bouchons vers 7H30 sur l'autoroute A1, selon le Centre régional d'information et de coordination routière.

A Bordeaux, les routiers, qui avaient annoncé une "action spectaculaire", ont finalement lancé une opération escargot sur le périphérique.

Depuis 09H00, les manifestants ambitionnent ainsi de faire le tour de la rocade, longue de 45 km. Un bouchon de 4 km s'est formé dans le sens nord-sud.

"Plus le temps avance, plus on a des risques d'amplification, de radicalisation des troupes", a affirmé à l'AFP Patrice Clos de FO.

Mercredi, la CFDT Transports, qui n'a pas encore pris part au mouvement, a également menacé d'un "conflit majeur" en l'absence de nouvelles négociations "dans les prochaines heures".

Cette fédération devrait décider jeudi soir de se joindre ou non au mouvement, a assuré à l'AFP son représentant, Thierry Cordier.

Faute d'accord sur l'ampleur de l'augmentation salariale entre syndicats et patronat, les minimums conventionnels resteraient ceux en vigueur l'année dernière.

En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum a été relevé à 9,61 euros au 1er janvier.

Ce durcissement du conflit des routiers intervient dans un contexte global difficile des relations entre syndicats et patronat. Jeudi, ceux-ci tiennent une réunion de la dernière chance pour parvenir à un accord sur le dialogue social après quatre mois d'une négociation des plus laborieuses.

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