Le gouvernement ne reviendra pas sur l'interdiction des néonicotinoïdes, a affirmé lundi Matignon, contredisant le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert qui avait déclaré dans la matinée vouloir revoir la législation française qui «n'est pas conforme avec le droit européen».
«Le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016. Cet arbitrage a été pris à l'occasion d'une réunion tenue à Matignon le 21 juin dernier», a précisé Matignon dans un communiqué, tout en indiquant qu'un «travail est en cours avec les autorités européennes». Est-ce l'épilogue du premier accroc visible au sein du gouvernement.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, avait déclaré lundi matin vouloir revenir sur la législation interdisant notamment, sauf dérogation, les insecticides de la famille des néonicotinoïdes à partir de septembre 2018. La législation française «n'est pas conforme avec le droit européen» qui est plus souple, avait plaidé Stéphane Travert sur RMC/BFM TV, le ministre estimant que certains pesticides «n'ont pas de produit de substitution». Les néonicotinoïdes sont accusés d'être notamment responsables du déclin des abeilles.
Les néonicotinoïdes sont accusés d'être notamment responsables du déclin des abeilles. Le point avec @AFPgraphics & @elisedepenoux #AFP pic.twitter.com/zfKY2Zdfb5
— Agence France-Presse (@afpfr) 26 juin 2017
«Nous avons un certain nombre de produits aujourd'hui qui ont été estimés dangereux et qui sont au fur et à mesure retirés du marché, mais (pour) d'autres produits où nous avons des impasses techniques, qui n'ont pas de substitutions, nous devons pouvoir autoriser des dérogations pour en permettre l'utilisation afin que nos producteurs continuent à travailler dans de bonnes conditions», a déclaré Stéphane Travert. «C'est ma proposition», a précisé le ministre, indiquant que l'arbitrage du Premier ministre, Edouard Philippe, «n'est pas rendu».
Un document de travail équivoque
RMC qui s'est procuré un document de travail daté du 21 juin dernier révèlait par ailleurs que la France fasait un excès de précaution en matière de pesticides par rapport au droit européen et évoquait la possibilité de revenir sur l'interdiction de l'épandage aérien et de la pulvérisation d'insecticides votée l'an dernier.
Les déclarations de Stéphane Travert avaient presque aussitôt été contredites dans un tweet par le ministre de la Transistion écologique, Nicolas Hulot.
@RMCinfo les interdictions de neonicotinoides & épandage aerien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 26 juin 2017
Voici l'interview d'hier matin dans laquelle vous m'assuriez que les arbitrages n'étaient pas rendus : pic.twitter.com/tCbjbzszeo
— mariedupin (@mdups) 26 juin 2017
Dans tous les cas c'est un sérieux accroc à l'unité gouvernementale qui se fait jour sur ce sujet hautement sensible. Les deux ministres, Stpéhane Travert et Nicolas Hulot doivent se rencontrer cette semaine. Stéphane Travert a exprimé sa volonté de «travailler sur ce sujet avec (son) collègue de l'Environnement», souhaitant «bâtir un compromis».