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La majorité fait bloc derrière Darmanin, accusé de viol

Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin le 24 janvier 2018 à Paris [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives] Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin le 24 janvier 2018 à Paris [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives]

Des membres du gouvernement et de la majorité ont pris la défense dimanche du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol jugée «embarrassante» pour le gouvernement par une ex-ministre PS.

Après une première plainte mi-2017, classée sans suite, cette affaire a rebondi samedi avec l'annonce par le parquet de Paris de la réouverture d'une enquête pour des faits présumés datant de 2009, contestés catégoriquement par l'intéressé.

Selon le quotidien Le Monde, la plaignante, âgée de 46 ans, ancienne call-girl, accuse M. Darmanin de lui avoir en fait miroiter à l'époque son appui auprès de la Chancellerie dans une affaire judiciaire, en échange de faveurs sexuelles.

Dès l'annonce de la réouverture de l'enquête, Matignon a fait savoir samedi à l'AFP que le ministre, ancien membre de LR passé à LREM, conservait «toute la confiance» d'Edouard Philippe. L'entourage du Premier ministre avait précisé que «M. Darmanin a été d'une totale transparence vis-à-vis des faits».

Dimanche, l'affaire s'est imposée au menu des émissions politiques.

Invitée du Grand Jury RTL, LCI, Le Figaro, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a ainsi estimé que son collègue pouvait «rester au gouvernement», n'étant pas mis en examen, un acte de procédure qui n'est pas possible dans le cadre d'une enquête préliminaire.

Interrogée sur les départs de Richard Ferrand ou de François Bayrou du gouvernement après leur mise en cause dans des affaires sans qu'ils aient été mis en examen, la garde des Sceaux a contesté sur RTL «un revirement de jurisprudence».

Nicole Belloubet a dépeint Gérald Darmanin, une des coqueluches des députés LREM, comme un collègue «très clair et rigoureux» et «très attentif quand il y a des éléments à partager».

«Les ministres exercent des responsabilités, ont en charge la gestion d'un département et il faut qu'ils soient en mesure de conduire cette action. Et donc, on ne peut pas impunément les mettre en accusation pour des raisons qui ne soient pas claires», a-t-elle aussi fait valoir.

«Condamné à souffrir en silence»

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a pour sa part relevé sur BFMTV que l'ancien maire de Tourcoing aurait «à se défendre, et qu'il (aurait) à amener tous les éléments pour parfaire sa défense, mais c'est la présomption d'innocence qui bien évidemment s’applique à lui comme à tout concitoyen».

Mis en cause dans une affaire présumé de prise illégale d'intérêt lorsqu'il dirigeait les Mutuelles de Bretagne, avant que l'enquête soit classée sans suite, Richard Ferrand, patron des députés LREM, a souligné sur France 3 que M. Darmanin avait «la confiance du Premier ministre et de la majorité».

Et de faire allusion à son cas personnel : «Toute personne qui subit une plainte est condamné à souffrir en silence jusqu’à ce que la justice dise le droit. C'est ainsi».

Du côté des parlementaires LREM, on appelle à une «prudence extrême» : le cas du député Christophe Arend (LREM), faussement accusé de harcèlement par une collaboratrice, est encore dans toutes les têtes.

Dans l'opposition, seule l'ancienne ministre PS de la Famille et actuelle sénatrice, Laurence Rossignol, s'est montrée plus critique, jugeant l'affaire «embarrassante» pour le ministre mais aussi pour le gouvernement, qui a mis l'égalité hommes/femmes au «premier plan».

«Il faut avoir deux choses en tête : d'une part le respect de la présomption d'innocence, et en même temps le respect de la parole de la plaignante. Cet équilibre exige de la justice de la rapidité», a fait valoir Mme Rossignol sur Radio J alors que Gérald Darmanin a été la cible de slogans lors d'une manifestation de féministes à Paris.

Interrogé en janvier sur franceinfo sur sa réputation de «dragueur lourd», M. Darmanin avait reconnu «avoir pu être léger» dans ses relations avec les femmes, «avoir envoyé des SMS un peu lourds».

Concernant l'affaire en cours, la plaignante s'était adressée en 2009, selon Le Monde, à M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation prononcée à son encontre en 2004 pour des faits de chantage et d'appels malveillants contre un de ses anciens compagnons.

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