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Quel futur pour l'agriculture ?

Le projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation a pour but de remettre à plat les relations commerciales entre les différents acteurs du monde agricole. [© M.Gile/SIPA]

Tout un secteur à rénover. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, doit présenter en Conseil des ministres, ce mercredi 31 janvier, le projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation. Son but : redéfinir les règles du monde agricole.

Alors que plus de la moitié des exploitants ont gagné moins de 354 euros par mois en 2016, contre 30 % un an plus tôt, l’ambition première du texte est ainsi de leur assurer un meilleur revenu. 

Un système «donnant-donnant»

En ce sens, le projet de loi devrait permettre de fixer le prix de la production en fonction des coûts de l’agriculteur et non en fonction des besoins des distributeurs ou des transformateurs, alors que c’était l’inverse jusqu’ici. Une bouffée d'air plus que bienvenue.

Dans le même esprit, le gouvernement devrait obliger les supermarchés à revendre un produit alimentaire au prix où ils l’ont acheté majoré de 10 % minimum. Ce seuil, prévu pour soutenir les agriculteurs face à la grande distribution, devrait s’accompagner d’un nouvel encadrement des promotions dans les supermarchés. 

Celles-ci devraient en effet être limitées à 34 % du prix total du produit. En clair, s'il sera toujours possible d’acheter trois produits alimentaires pour le prix de deux, l’offre «un produit acheté, un produit offert», devrait de son côté faire ses adieux.

Dans le même temps, le texte devrait pousser les agriculteurs à adopter une nouvelle stratégie en faveur notamment de la transition écologique.

A ce titre, l’objectif de 50 % de produits bio ou de qualité dans les cantines d’ici à 2022 devrait être officialisé. Enfin, l’accent devrait être mis sur le respect de l’animal, en transformant en délit tout mauvais traitement dans les abattoirs. 

Une base à rassurer

Reste que si un certain nombre d'agriculteurs saluent le volontarisme de l’Etat à vouloir changer les choses, ils veulent savoir concrètement comment la loi sera appliquée.

Car dans les faits, une charte de bonne conduite existe déjà actuellement, et plusieurs acteurs sont accusés de ne pas la respecter.

«On attend une extrême fermeté en termes de contrôle et de sanction», prévient ainsi Patrick Benezit, secrétaire général adjoint auprès du syndicat agricole FNSEA.

Certains exploitants redoutent en outre que la loi ne favorise l’importation d’aliments en provenance de pays plus compétitifs mais aux normes sanitaires parfois moins strictes, et que «les grandes surfaces délaissent les produits français et leur qualité».

Enfin, si les études montrent que, dans l’ensemble, les Français se disent prêts à payer plus cher un aliment afin de mieux rétribuer les agriculteurs, rien ne dit que, dans les faits, ils soient prêts à délaisser les promotions et les produits à bas coût.

A ce sujet, Stéphane Travert a menacé de nommer publiquement ceux qui ne jouent pas le jeu. 

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