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Enregistrement de Wauquiez : LR dénonce «un exercice niveau CAP d'ajusteur-monteur»

Laurent Wauquiez lors de sa campagne pour la tête du parti, en novembre 2017 à Paris [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT  / AFP/Archives] Laurent Wauquiez lors de sa campagne pour la tête du parti, en novembre 2017 à Paris [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives]

Les Républicains (LR) ont dénoncé ce lundi «un exercice au niveau CAP d'ajusteur-monteur» à propos de la diffusion de l'enregistrement de Laurent Wauquiez dans lequel ce dernier se livrait à des déclarations-choc.

«Quand on voit la façon dont deux heures de cours ont été résumées en moins de deux minutes, c'est-à-dire qu'on a coupé, recollé, expurgé, pour avoir finalement des bouts de phrases dont vous savez très bien les uns et les autres qu'elles ont été complètement coupées de leur contexte... (...) Ca n'est pas une attaque contre la presse, que les choses soient claires. Est-ce que ça c'est du journalisme ? Non. Ca, éventuellement, c'est un exercice au niveau CAP d'ajusteur monteur», a estimé le porte-parole Gilles Platret.

M. Wauquiez doit faire face depuis vendredi à la diffusion d’extraits, enregistrés à son insu, d’un cours donné à l’EM Lyon business school.

Dans cet enregistrement, révélé par TMC, on entend le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes affirmer que Nicolas Sarkozy faisait placer ses ministres sur écoutes - M. Wauquiez s'est excusé auprès de l'ancien président et plaide le «jeu de rôles» devant les étudiants -, et se dire «sûr et certain» qu’Emmanuel Macron et ses équipes «ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition» contre François Fillon.

Quant à Gérald Darmanin, visé par une enquête pour abus de faiblesse, «il sait ce qu’il a fait» et «il va tomber», affirme M. Wauquiez, le comparant à un Jérôme «Cahuzac puissance 10».

Sur RMC et BFMTV lundi, M. Darmanin a répliqué, tout en assurant «les yeux dans les yeux», une expression de M. Cahuzac, n’avoir «jamais abusé d’aucune femme» ni «d’aucun pouvoir»".

«Côté obscur»

«J’ai l’impression que Laurent Wauquiez est un peu tombé du côté obscur de la force». «Il avait deux maîtres: (Patrick) Buisson d’un côté, Soeur Emmanuelle de l’autre. Je regrette qu’il n’ai pas suivi l’exemple de Soeur Emmanuelle sur ce coup», a cinglé le ministre. Laurent Wauquiez «se grandirait à s’excuser devant les Français», a ajouté Gérald Darmanin. «S’excuser de quoi ?», a rétorqué l’une des porte-parole du parti, Laurence Sailliet.

Aux voix de la majorité, qui se sont multipliées pour condamner les propos de M. Wauquiez, s’est ajouté dimanche Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France, qui a quitté LR, l’a comparé à la famille Le Pen et l'a accusé de faire «pire que du Trump».

Au sein même de LR, qui restait sur deux victoires à des législatives partielles après une année 2017 marquée par des défaites cuisantes, l'embarras est perceptible.

Eric Woerth, président LR de la Commission des finances, a ainsi regretté des «propos qui ne concourent pas au rassemblement» et jugé qu'«il n'y aurait pas ces propos, ce serait peut-être mieux».

«Il fait du Trump», juge un autre membre de LR, fustigeant la «trop grande assurance de soi» et le «mépris» de M. Wauquiez, qui «assume de n’avoir aucune conviction». S'en prendre à Nicolas Sarkozy, qui garde une place particulière dans le coeur des militants LR, ne passe particulièrement pas.

Le président de LR, invisible depuis la diffusion de l'enregistrement, orchestre toutefois une contre-offensive via ses porte-parole.

Laurence Sailliet a notamment mis en cause sur CNews la «déontologie journalistique». «Ces procédés sont absolument indécents», a-t-elle fustigé, évoquant «un journaliste qui corrompt un élève en amont pour faire un enregistrement illégal».

Une séquence «orchestrée» ?

Laurent Wauquiez n’a «pas insulté les Français», a pour sa part relevé sur RMC Lydia Guirous, autre porte-parole de LR, dans une allusion à certaines déclarations d’Emmanuel Macron, sur les ouvrières «illettrées», ou les «fainéants» opposés à ses réformes.

La députée Virginie Duby-Muller, secrétaire nationale adjointe de LR, a elle confié sur Europe 1 avoir «l’impression que tout ça a été orchestré», remarquant que «cet évènement intervient à un moment où Laurent Wauquiez enchaînait des séquences positives, qu’il s’agisse de l’Emission politique (sur France 2), du Conseil national ou enfin des élections législatives partielle».

Officiellement, Les Républicains poursuivent leur feuille de route comme si de rien n’était, prévoyant notamment la diffusion d’un tract à 500.000 exemplaires sur les conséquences de la politique de l’exécutif en matière de pouvoir d’achat. Des contre-propositions sur l’immigration sont également attendues cette semaine.

Un dirigeant LR veut croire que  «dans deux mois, plus personne ne se souviendra» de cette séquence. «Ceux qui n’aiment pas Laurent Wauquiez ont remis un peu d’essence dans leur moteur». «Ceux qui l’aiment bien se disent: il parle cash», estime-t-il, «pas certain» qu’il n’y ait «que des éléments négatifs» dans cet épisode.

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