La municipalité submergée. Avec l'annonce du retour en 2019 de la fête de la Rosière à Salency, dans l'Oise, les réactions outrées se sont multipliées.
Née au début du Moyen-Age, au Ve siècle, cette festivité servait à récompenser «la vertu» des jeunes femmes. L'un des critères retenu était la virginité.
L'initiative portée par la Confrérie de Saint-Médard a provoqué un tollé, notamment dans les rangs féministes, qui ont immédiatement fustigé «une fête rétrograde et insultante».
Reportage sur la fête de la Rosière en 1968 à Nanterre
Plus de 37 000 signatures sur internet
Laélia Véron, docteure en langue française et engagée pour la cause des femmes, a ainsi lancé une pétition en ligne, qui a à ce jour recueilli plus de 37 000 signatures.
S'adressant au maire de Salency, Hervé Deplanque, elle estimait qu' «une telle fête contrevient à la fois au principe de laïcité et aux valeurs d'égalité entre femmes et hommes rappelées dans notre constitution».
Mais de toute façon, à mon avis, il n'y a pas d'inquiétude à avoir : le critère de la virginité ne risque plus d'être invoqué. Bravo encore pour votre mobilisation qui a permis une couverture internationale de l'événement (BBC, Vanguardia, etc) et surtout une résolution rapide.
— Dr Laélia Véron (@Laelia_Ve) 23 août 2018
Et s'insurgeait ainsi sur le fait que la célébration puisse recevoir le soutien financier de la mairie.
Outre cette pétition, le retour de la fête de la Rosière a également été particulièrement médiatisé, au-delà des frontières hexagonales par de nombreux traitée médias internationaux, comme la britannique BBC.
Alors, cette couverture médiatique et cette mobilisation citoyenne ont-elles influencé la mairie de Salency?
Les élus de Salency sont en tout cas revenu ce mercredi 22 août sur leur promesse de subvention de 1.800 euros, en votant à l'unanimité contre, a ainsi rapporté le Parisien.
Interrogé par le quotidien, l'édile raconte avoir reçu quelque «150 mails en deux jours, des messages qui m'ont blessé. Je suis impliqué dans cette polémique sans en être l'organisateur».
Désormais, la tenue de cette fête est donc en suspens. Comme le rappelle Oise Hebdo, la dernière Rosière de Salency a été couronnée il y a 31 ans, en 1987.
Quid de la vertu
Bertrand Tribout, le président de la Confrérie de Saint-Médard, à l'origine de cette initiative a tenu à réagir dans ce même Oise Hebdo, évoquant une polémique basée sur «du mensonge volontaire, destiné à faire le buzz».
D'après lui, c'est l'acception actuelle du mot vertu qu'il faut comprendre.
«C'est une disposition humaine à faire le bien et à ne pas faire le mal», se défend-t-il. Il réfute ainsi tout critère de virginité.