En direct
A suivre

Un nouveau départ pour le Parti socialiste ?

Olivier Faure se donne le défi de rassembler les sensibilités du PS en vue des européennes. Olivier Faure se donne le défi de rassembler les sensibilités du PS en vue des européennes. [© N_MESSYASZ / SIPA]

En pleine crise politique et financière, les socialistes espèrent se reconstruire, avec les européennes dans le viseur.

Un départ symbolique. C’est ce vendredi 12 octobre que le Parti socialiste rend les clés de son siège historique de Solférino, avant de s’installer, d’ici à quelques semaines, dans sa nouvelle maison à Ivry-sur-Seine (94). Un déménagement forcé qui vise, selon son premier secrétaire, Olivier Faure, à «rompre avec le passé» pour mieux se reconstruire. Or, il y a urgence, car la formation à la rose, balayée lors des dernières élections et à la peine depuis, jouera son va-tout dans les prochains mois, avec les européennes de mai en ligne de mire.

Le défi du rassemblement

Jamais le PS n’avait été autant en péril que depuis sa défaite historique à la présidentielle (6,3 % des voix au premier tour) et aux législatives (31 députés élus), il y a plus de quinze mois. Confronté à la fuite de ses adhérents, au départ de ténors – tel Benoît Hamon, dès juillet 2017 –, au ralliement d’autres à LREM, ou à la scission du Mouvement des jeunes socialistes, le parti s’est peu à peu vidé de ses forces.

Endetté, il a été contraint de vendre, pour 45 millions d’euros, les 3 389 mètres carrés de l’hôtel particulier de Solférino, situé dans le chic 7e arrondissement de Paris, pour s’exporter dans un bastion communiste. «C’est à la fois une renaissance, car il se rapproche d’une banlieue populaire, en phase avec ses valeurs d’origine, et une marginalisation, car il quitte le quartier du pouvoir, où se concentrent les ministères et l’Assemblée», analyse le politologue Philippe Moreau Chevrolet.

A ces difficultés matérielles s’ajoutent des divergences de lignes au sein du parti. Le départ annoncé de l’eurodéputé Emmanuel Maurel, figure de l’aile gauche, en est la dernière illustration. Ainsi, les héritiers de François Hollande, à l’image de Stéphane Le Foll, défendent une gauche de gouvernement, tandis que la nouvelle génération, incarnée par le député Luc Carvounas, prône un programme plus radical et moins libéral.

Des courants que le patron du PS élu en mars, Olivier Faure, espère rassembler en vue des européennes. Loin de faire l’unanimité, il veut plutôt mobiliser autour de «combats communs». S’appuyant sur les avis de millier de militants, le leader a placé au cœur de son projet «la lutte contre les inégalités et la transformation écologique». Un défi de taille qui pourrait être relevé dès demain, avec la validation, par le conseil national du parti, de la ligne défendue durant la campagne.

Une concurrence féroce

Reste que le PS risque de se heurter à un paysage politique quasi verrouillé. Prise en tenaille entre les europhiles convaincus de LREM, créditée de 21,5 % des voix, et les Insoumis (12,5 %), qui incarnent désormais l’opposition à gauche grâce à François Ruffin ou Jean-Luc Mélenchon, la formation pourrait manquer d’espace pour être entendue. Au risque que le scrutin européen la fasse même disparaître pour de bon.

Outre des alliances, la solution pourrait venir de l’émergence d’une tête de liste fédératrice, une nouvelle figure qui, issue de la jeune garde, fermerait la page des années Hollande. Mais ce renouveau ne passerait pas forcément par davantage de radicalisme, selon Philippe Moreau Chevrolet : «Le PS doit surtout retrouver une forme d’authenticité, pour que les gens y croient à nouveau». Une mutation que l’emménagement à Ivry-sur-Seine pourrait impulser.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités