Le journaliste et écrivain a été récompensé pour son ouvrage poignant dans lequel il raconte sa lente reconstruction après sa grave blessure au visage lors de l'attentat de Charlie Hebdo, en janvier 2015.
S'il n'a pas été retenu pour le prix Goncourt, «Le lambeau», sorti aux éditions Gallimard, demeure parmi les favoris pour le prix Renaudot décerné le 7 novembre et le prix Interrallié remis le 14 novembre.
Considéré par de nombreux critiques littéraires comme le meilleur livre de l'année, cet ouvrage commence la veille de l'attentat qui s'est déroulé dans les locaux de Charlie Hebdo. Philippe Lançon, également chroniqueur culturel au quotidien Libération, assiste à la représentation de «La nuit des rois» de Shakespeare, bien loin de s'imaginer que le lendemain, sa mâchoire sera en partie arrachée après l'attaque terroriste.
Pendant une soixantaine de pages, le journaliste revient sur cette journée cauchemardesque où ses amis ont perdu la vie. «A partir du 7 janvier, tous les mondes dans lesquels j'avais vécu, toutes les personnes que j'avais aimées se mirent à cohabiter en moi sans préséance ni bienséance, avec une intensité folle, proportionnelle à la sensation qui dominait : j'allais les perdre, je les avais déjà perdus», explique l'écrivain à l'âme meurtrie.
[#PRIXLITTÉRAIRE] Le Prix Femina 2018 est attribué au livre de Philippe Lançon "Le lambeau", paru dans la collection Blanche !
➤ https://t.co/OjCnTRyXIZ #PRIXFEMINA #FEMINA2018 pic.twitter.com/SxdOXdHSIj— Gallimard (@Gallimard) 5 novembre 2018
Il poursuit son récit en évoquant sa lente reconstruction grâce à l'aide précieuse des infirmières, des médecins, des policiers et de son frère qui ne le quitte jamais. «Le lambeau» s'achève quelques mois plus tard, le 13 novembre 2015. Alors que Philippe Lançon est à New York, la ville de Paris est frappée pour une série d'attaques dans plusieurs restaurants et dans la salle de concerts du Bataclan. «C'était de nouveau, comme au réveil après l'attentat, un décollement de conscience, et j'ai senti que tout recommençait, ou plus exactement continuait, en moi et autour de moi...», raconte celui qui succède cette année à Philippe Jaenada («La serpe», éd. Julliard) pour le prix Femina.
A noter que la romancière américaine Alice McDermott a reçu le Femina étranger pour «La neuvième heure» (éd. La table ronde) et Élisabeth de Fontenay a été récompensée par le Femina essai pour «Gaspard la nuit» (éd. Stock). En compétition avec son roman «Idiote» (éd. Grasset), Pierre Guyotat a pour sa part obtenu un «prix spécial pour l'ensemble de son œuvre».