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Gilets jaunes : parti pour durer ?

Des gilets jaunes sur les Champs-Elysées, à Paris, le samedi 24 novembre. Des gilets jaunes sur les Champs-Elysées, à Paris, le samedi 24 novembre [© Lucas BARIOULET / AFP]

Après la deuxième grande mobilisation des gilets jaunes, samedi, c’est désormais l’avenir du mouvement qui alimente les débats.

Malgré un «fort affaiblissement» de la grogne par rapport à la journée du 17 novembre, selon le ministère de l’Intérieur, les échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, à Paris et en région, ont particulièrement marqué les esprits.

Alors que l’Elysée, qui a condamné les violences, espère restaurer le dialogue en prenant la parole demain, les opposants ne veulent pas faire marche arrière, quitte à inscrire sur le long terme leur combat pour le pouvoir d’achat. Quelle que soit l’issue, une semaine cruciale attend les deux parties.

Une bataille dans la durée

Preuve de leur détermination, des gilets jaunes ont appelé sur les réseaux sociaux à passer à l’«Acte 3» de la mobilisation, en manifestant de nouveau sur les Champs-Elysées ce samedi 1er décembre. Le but ? Exiger de l’exécutif «l’annulation des taxes sur les carburants», faute de quoi ils promettent de pousser Emmanuel Macron à «la démission».

Soucieux de ne pas être associés aux flambées de violences émaillant les manifestations, les organisateurs ont averti qu’il «faudra faire ça proprement, aucune casse et 5 millions de Français dans la rue», allant jusqu’à proposer la présence de gilets «rouges» pour éviter tout débordement.

Hier, sur Facebook, plus de 21 000 personnes prévoyaient déjà d’être au rendez-vous, et 104 000 se disaient intéressées. Bien que non affiliés à un syndicat, les opposants pourraient compter sur le renfort de la CGT, qui a invité «tous les citoyens, salariés actifs et retraités» à battre le pavé ce samedi pour défendre leur pouvoir d’achat.

De son côté, le gouvernement cherche toujours à calmer la colère. Après l’annonce de contreparties (prime à la conversion doublée, chèque énergie revalorisé...) jugées décevantes, le chef de l’Etat doit dévoiler demain en conférence de presse, en présentant la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), d’autres mesures d’accompagnement, destinées à rendre plus «acceptable» la transition écologique.

Parmi elles, la création d’un «Haut conseil pour le climat», composé d’experts et chargé de veiller à ce que celle-ci soit «soutenable» par les plus démunis. L’objectif est, selon le ministre de l’Action publique, Gérald Darmanin, de faire en sorte que «chacun s’occupe à la fois de la fin du mois et de la fin du monde». Mais l’opposition, elle, y voit une «instrumentalisation» de la lutte pour l’environnement.

Vers un mouvement transversal ?

Malgré son absence de leaders et ses mots d’ordre divers, la fronde des gilets jaunes s’apparente à la plus grave crise sociale du quinquennat.

«Ce n’est pas un mouvement catégoriel, porté par les retraités, les fonctionnaires, ou encore les cheminots comme au printemps, ou lié à un scandale comme l’affaire Benalla : sa force est qu’il est susceptible de concerner tous les Français», souligne Frédéric Dabi, de l’Ifop.

Née d’un ras-le-bol contre la vie chère, mais aussi contre les élites et les dirigeants, la grogne pourrait, dès lors, se propager à d’autres franges de la population, mêmes moins modestes. «A condition, selon Frédéric Dabi, que des violences ne jettent pas à nouveau le discrédit» sur le dos des gilets.

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