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Gilets jaunes : l'Etat affiche sa fermeté face aux casseurs

Plus de 8 000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations, et 1 800 condamnations ont été prononcées. Plus de 8 000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations, et 1 800 condamnations ont été prononcées.[© U. Amez/Sipa]

Pas de compromis. Alors que l’acte XIV des gilets jaunes est prévu ce samedi 16 février, et que de nouvelles violences pourraient marquer les manifestations, le gouvernement montre sa détermination.

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a annoncé jeudi 14 février que pas moins de 8.400 personnes ont été arrêtées depuis le 17 novembre, parmi les centaines de milliers de Français mobilisés. Un chiffre, record pour un mouvement social ces dernières décennies, qui illustre une volonté de fermeté vis-à-vis des casseurs.

Un enjeu sécuritaire et politique

«Mon message est clair : toute dégradation, toute agression sera poursuivie et sanctionnée». En tenant ces propos, jeudi, lors d’une cérémonie aux Invalides, Christophe Castaner s’accorde avec Edouard Philippe, qui avait rejeté la veille la demande d’amnistie réclamée par les gilets jaunes. Selon les chiffres du gouvernement, 1 800 condamnations et 7 500 gardes à vue ont été recensées.

En comparaison, seules 900 gardes à vue avaient eu lieu lors des cinq mois de mobilisation contre la loi travail, en 2016. Et parmi les personnes qui font face à la justice, on trouve des figures du mouvement. L’ex-boxeur Christophe Dettinger a ainsi écopé, mercredi, d’un an de prison ferme en semi-liberté pour avoir frappé deux gendarmes mobiles, et Eric Drouet, l’un des leaders des gilets jaunes, risque quant à lui six mois de prison aujourd’hui pour «organisation d’une manifestation sans déclaration».

«Cette fermeté a deux objectifs : dissuader les manifestants pour éviter une contagion, mais aussi rassurer l’opinion en montrant que le gouvernement prend les choses en main, quand l’opposition ne condamne pas autant les troubles», explique Olivier Costa, politologue et chercheur au CNRS. Critiqué pour sa passivité lors des premiers actes, l’exécutif a musclé son dispositif au fil des semaines, afin d’interpeller rapidement les casseurs.

Que ce soit pour les dégradations à l’Arc de triomphe, l’attaque contre le ministère de Benjamin Griveaux, ou l’incendie d’un véhicule de l’opération Sentinelle, les suspects ont tous été arrêtés en quelques jours ou semaines. Et alors que les forces de l’ordre déplorent de nombreux blessés et que la facture des dégâts grimpent (15 millions d’euros à Paris, 4 à Toulouse…), la majorité a, en parallèle, décidé d’adapter la législation.

Elle a soutenu la loi anti-casseurs proposée par LR, afin de prévenir les dégradations avant qu’elles n’arrivent. Quitte à crisper l’opposition avec un texte considéré comme liberticide.

Un mouvement moins soutenu

Cette fermeté affichée intervient alors que la population commence à se lasser du mouvement. Ainsi, selon un sondage Elabe publié jeudi 14 février, 56 % des Français souhaitent que les manifestations du samedi s’arrêtent.

«Cette stratégie joue dans la remontée de la popularité du président, qui apparaît, notamment à droite et chez les personnes âgées, comme le seul rempart face aux violences et aux gilets jaunes, qui commencent à agacer une part de la population», abonde Frédéric Dabi, direction général adjoint de l’Ifop.

C’est la première fois que l’opinion montre sa désapprobation face aux actions des manifestants. Le gouvernement semble donc avoir inversé la tendance, alors qu’il apparaissait sans réelle solution il y a quelques semaines.

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