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Travaux à Paris : que sont les nombreux chantiers de «chauffages urbains» ?

Ces chantiers sont l'œuvre de la Compagnie parisienne de chauffage urbain. [© Thomas SAMSON / AFP]
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Parmi la multitude de chantiers en cours cet été à Paris, une bonne partie est réalisée par «la CPCU» et vise le «chauffage urbain». Explications sur les travaux qui se cachent derrière ces termes obscurs.

Tout d'abord, CPCU est l'acronyme de Compagnie parisienne de chauffage urbain. Filiale du groupe Engie, cette société est chargée, depuis 1927, d'exploiter le réseau de chauffage de la capitale et de seize communes voisines. Concrètement, elle s'occupe de 509 km de tuyaux sous l'agglomération, qui transportent de la vapeur et de l'eau depuis douze sites de productions. Or, ce vaste réseau nécessite d'être entretenu et renouvelé.

Cet été, la CPCU dit ainsi œuvrer sur «près de 150 chantiers» (et tient d'ailleurs à jour une carte sur son site) :

Un pourcentage infime comparé aux 6.000 à 7.000 points de travaux qui éventrent Paris en ce moment, mais qui est en réalité bien supérieur quand on prend en compte les chantiers qui se révèlent «perturbants» ou «très perturbants» pour la circulation.

Selon les données en open data de la mairie de Paris, 292 chantiers de ce type étaient menés au vendredi 19 juillet. Or, parmi eux, 51 sont imputables à la CPCU, ce qui représente 17 % du total. L'entreprise de chauffage est ainsi la deuxième plus active, derrière la ville de Paris (108 chantiers) et devant la RATP (34).

«S'il est vrai que nous faisons davantage de travaux l'été que l'hiver, pour des raisons climatiques et pratiques, la CPCU ne réalise actuellement pas plus de chantiers que d'habitude. Nous en menons environ 300 au total par an. Ça a été le cas les années précédentes et ça le sera les suivantes», martèle Catherine Michelin, directrice de l’ingénierie et du développement de la Compagnie parisienne de chauffage urbain.

L'inspection représente la moitié des travaux

Des projets qui sont loin d'être opérés au hasard, puisque programmés huit à dix mois à l'avance avec la mairie de Paris. Ils peuvent être divisés entre trois grandes catégories : un quart vise à étendre le réseau, un autre quart sert à réparer les canalisations, et la moitié restante permet de vérifier qu'il n'y a pas de fuites et d'effectuer la maintenance préventive.

Ces contrôles sont «le gros des travaux, dans un souci écologique et de sécurité. C'est pourquoi, notre objectif principal est de les rendre moins impactants, en particulier en perfectionnant les moyens d'inspection», souligne Catherine Michelin.

Actuellement, ces vérifications sont menées à l'aide d'un «robot-inspecteur», une sorte de perche d'un mètre de long munie de capteurs. Ceux-ci scannent la paroi des canalisations pour vérifier que l'épaisseur du métal – souvent attaqué par la corrosion – est suffisante.

Or, tout l'enjeu est de faire entrer cet instrument dans les tuyaux. Aujourd'hui, il peut être utilisé sur une longueur de 200 m avant de devoir percer une nouvelle ouverture dans le sol. C'est pourquoi chaque chantier peut comporter plusieurs trous, «souvent deux, parfois trois ou quatre», précise Catherine Michelin.

Et encore, «de grands progrès ont déjà été faits, car avant, le robot ne pouvait parcourir que quelques dizaines de mètres. Mais la technologie pour faire mieux n'existe pas pour l'instant dans le monde», regrette la directrice. L'idéal pour la CPCU serait en effet de pouvoir faire passer le «robot-inspecteur» par les 800 vannes existantes sur son réseau afin de réduire le nombre d'excavations et donc de chantiers.

Ensuite, «on rebouche dès que c'est fini», assure-t-elle. Seul problème, comme les travaux ont souvent lieu l'été, de nombreuses entreprises (la ville n'est plus responsable de ce domaine) ont donc besoin en même temps de matériau pour refaire le macadam, ce qui peut parfois entraîner des retards.

Depuis 2014, la CPCU s'est lancée dans un grand plan d'entretien de son réseau. Il devrait être achevé en 2021, et avoir permis de «fiabiliser» (inspecter et si besoin réparer) 107 km de canalisations parmi celles qui sont le plus utilisées. Chaque année, la CPCU consacre en moyenne 20 millions d'euros à la modernisation et à l'entretien du réseau, et crée entre 5 et 10 km de nouvelles canalisations.

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