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Rouen : ce que l'on sait de l'agression mortelle d'un chercheur guinéen

Dans la soirée du vendredi 19 juillet, Mamoudou Barry, enseignant-chercheur à l'Université de Rouen-Normandie, est mort près de Rouen après avoir été roué de coups. Ce lundi, alors qu'un suspect a été interpellé et que l'enquête se poursuit, voici ce que l'on sait de cette agression mortelle, dont le motif raciste ne fait aucun doute pour les proches de la victime.

Que s'est-il passé ?

Les faits se sont déroulés à Canteleu, une commune proche de Rouen (Seine-Maritime) vers 20h20, peu avant la finale de la Coupe d'Afrique des Nations entre l'Algérie et le Sénégal.

Selon des sources concordantes, alors qu'il rentrait chez lui en voiture avec son épouse, Mamoudou Barry, jeune chercheur de 31 ans, père de famille, a été pointé du doigt par son agresseur et a été la cible d'insultes racistes, à la hauteur d'un arrêt de bus.

L'homme les aurait notamment traités de «sales noirs». Dans ce contexte, Mamoudou Barry se serait alors arrêté pour obtenir des explications, avant que son agresseur ne le frappe «à coups de poings et de bouteilles», selon ce qu'a indiqué Jonas Haddad, l'avocat de la famille, à l'Agence France-Presse.

«Il est tombé la tête la première sur le sol, avec le rebord d'un arrêt de bus, ce qui a provoqué les blessures mortelles», a également précisé l'avocat à Europe 1.

Pris en charge par les secours, Mamoudou Barry a été transporté au CHU de Rouen où il est mort samedi des suites de ses blessures. Son agresseur, lui était alors toujours en fuite.

Ce que l'on sait du suspect interpellé ce lundi

Ce lundi 22 juillet, un suspect, né en 1990, a été interpellé «à Rouen à 9H30», ont indiqué des sources policières.

L'homme qui a des «antécédents psychiatriques», selon ces mêmes sources, et est «sous curatelle renforcée», est connu des autorités pour des infractions à la législation aux stupéfiants.

Dans un premier temps, ces sources policières avaient indiqué que le suspect était de nationalité turque. Mais le procureur de Rouen, Pascal Prache, a précisé dans l'après-midi que cet individu est de nationalité française.

Toujours selon une source policière, relayée par l'Agence France-Presse, le suspect portait «un maillot du club turc de Galatasaray», une équipe de football d'Istanbul.

Pour l'avocat de la famille, «il s'agit d'un crime raciste, sans aucun doute, mais rien ne permet d'établir que c'est en lien avec la finale de la CAN. Rien ne permet de dire aussi qu'il a été agressé par un supporteur algérien».

Selon France Bleu Normandie, c'est grâce aux images des caméras de vidéosurveillance qu'il a pu être interpellé.

Kalil Keita, enseignant à l'université de Rouen et proche de la victime, avait de son côté affirmé à France Bleu Normandie que l'agresseur avait fait «allusion au match Sénégal-Algérie», en disant «on va vous niquer ce soir».

Les enquêteurs de la sûreté départementale de Seine-Maritime continuaient ce lundi d'auditionner plusieurs témoins, dont des proches de la victime, afin d'établir clairement les circonstances du drame.

De son côté, l'auteur présumé restait en garde à vue mais le procureur de Rouen, a indiqué à l'AFP en début d'après-midi «qu'à la suite de l'examen médical, (celle-ci) allait être levée» et le suspect «hospitalisé».

Mamoudou Barry, un enseignant apprécié et respecté

Le décès du jeune universitaire et père de famille a suscité une vague d'émotion et d'incompréhension, notamment sur les réseaux sociaux.

Mamoudou Barry «débordait de projets, (il) forçait, par son travail, l'admiration de ses collègues et de ses étudiants», a entre autres réagi Joël Alexandre, président de l'université de Rouen, à l'annonce du décès du jeune chercheur.

Selon le site de l'université, le 27 juin dernier, l'homme avait soutenu à Rouen une thèse de droit sur les «politiques fiscales et douanières en matière d'investissements étrangers en Afrique francophone». Il laisse derrière lui une épouse et une petite fille de 2 ans. 

Dans un tweet publié dimanche, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a assuré que la justice ferait «toute la lumière sur cet acte odieux».

Le président guinéen, Alpha Condé, a lui aussi tenu personnellement à réagir en se disant «très touché» par la mort de Mamoudou Barry.

«Le gouvernement guinéen suit de très près l'évolution des enquêtes diligentées par les autorités françaises», a ainsi indiqué un communiqué de la présidence, en précisant que le chef de l'Etat «s'entretiendra avec l'ambassadeur de France en Guinée pour la suite à donner».

Alors que les investigations se poursuivent, une marche blanche en hommage à Mamoudou Barry était en cours d'organisation ce lundi. Elle doit se tenir le vendredi 26 juillet.

Une cagnotte Leetchi a par ailleurs été ouverte afin d'aider la famille et rapatrier le corps du défunt en Guinée.

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