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Agressions en série, suicides à répétition... le ras-le-bol des policiers

L'ensemble des syndicats policiers appellent à une «marche nationale de la colère» le 2 octobre à Paris. [AFP]

Une situation intenable. L’ensemble des syndicats de police ont décidé de frapper fort, ce mardi 10 septembre, en appelant à une «marche nationale de la colère» le 2 octobre à Paris.

Cette manifestation, quasiment inédite dans une profession soumise au droit de réserve, a pour but d’alerter l’opinion publique sur la situation préoccupante des forces de l’ordre et, surtout, de lancer un avertissement à l’Etat, accusé de rester sourd à la détresse des hommes en bleu.

Pour se faire entendre, l’ensemble des corps de policiers sont invités à défiler et les organisations promettent déjà de mettre tous les sujets sur la table, sans aucun tabou.

Désespoir à tous les étages

«C’est historique», souligne d’emblée Fabien Vanhemelryck, du syndicat Alliance Police, à l’initiative de l’appel. Alors qu’au moins 48 agents ont mis fin à leurs jours depuis janvier, contre 35 sur l’ensemble de l’année dernière, ce bilan dramatique a mis le feu aux poudres et servi de véritable détonateur.

La mise en place, lundi, d’un numéro vert pour prévenir les suicides, associé à une vaste campagne de communication, apparaît donc insuffisante aux policiers qui réclament avant tout «un plan massif d’amélioration de la qualité de vie au travail», seul à même d’éviter les drames.

Preuve de leur détermination, les organisateurs ont d’ores-et-déjà indiqué que la marche du 2 octobre sera «un premier avertissement» directement adressé à l’Elysée, et non à leur ministre, Christophe Castaner.

En décembre 2018, au plus fort de la crise des gilets jaunes, ce dernier avait acté dans un protocole d’accord une revalorisation salariale de 250 millions d’euros, ainsi qu’une réforme des cycles de travail des forces de l’ordre.

Mais prévues en grande partie pour l’an prochain, ces mesures tardent à répondre au «malaise» policier et à éteindre l’incendie sur le terrain.

Les agents, dont les vacations peuvent atteindre seize heures, se plaignent toujours d’un manque chronique de moyens, qui les oblige à travailler dans des commissariats vétustes, circuler avec des voitures détériorées, voire à acheter leur propre matériel.

Ils déplorent enfin un manque criant de considération de la part de l’Etat. «Les policiers sont déconsidérés, surexploités, jamais un remerciement… Ils se sentent comme des pions, pas comme des fonctionnaires», résume Fabien Vanhemelryck.

Une profession très exposée

Si la police ressent de la défiance envers l’Etat, le malaise entre la population et les agents est, lui aussi, palpable. Au-delà des gros titres – policiers brûlés à Viry-Châtillon (91) ou véhicule incendié à Paris en 2016, dont les images avaient fait le tour des réseaux sociaux –, Le Figaro révélait, en août, que les forces de l’ordre et les pompiers subissaient 110 agressions quotidiennes.

Ainsi, «les policiers sont dans une logique pénale défensive» analyse Jacques de Maillard, professeur de Sciences politiques et sociologue de la police. «Or, ils ne se demandent pas suffisamment pourquoi la population ressent une telle incompréhension à leur égard».

Les heurts entre manifestants et policiers lors des gilets jaunes ou l’affaire Steve se sont ajoutés à ce malaise reconnu par Emmanuel Macron lui-même, qui, à Biarritz, avait estimé qu’il fallait «changer la manière d’assurer la sécurité». Un dialogue urgent à rétablir pour la sécurité même des policiers. 

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