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Jean-Marie Le Pen mis en examen pour les emplois présumés fictifs du RN

Jean-Marie Le Pen, place des Pyramides à Paris lors de son discours du 1er mai 2019   [JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives] Jean-Marie Le Pen, place des Pyramides à Paris lors de son discours du 1er mai 2019 [JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives]

Deux ans après sa fille Marine Le Pen, l'ancien président du FN Jean-Marie Le Pen a été mis en examen vendredi à Paris dans l'affaire des emplois présumés fictifs du parti d'extrême droite au Parlement européen.

Convoqué par les juges d'instruction Claire Thépaut et Dominique Blanc, le cofondateur du parti frontiste, rebaptisé Rassemblement national (RN), a été entendu pendant plus de quatre heures au tribunal de Paris.

A l'issue de cet interrogatoire, il a été mis en examen pour "détournement de fonds publics" et "complicité de ce délit", ont annoncé à l'AFP ses avocats, Frédéric Joachim et François Wagner. "C'était très long", a déclaré à l'AFP l'ancien dirigeant du Front national, âgé de 91 ans, qui se déplaçait à l'aide d'une canne et est apparu visiblement affaibli à la fin de l'audition.

"Les juges d'instruction posent des tas de questions relatives à une affaire que je considère comme une arnaque politicienne montée il y a plusieurs années" pour "persécuter les eurosceptiques", a dénoncé M. Le Pen, qui a siégé au Parlement européen de 1984 à 2019.

Selon ses avocats, les magistrats l'ont interrogé sur les emplois de trois de ses assistants: Gaël Nofri, employé trois mois en 2011, son garde du corps Thierry Légier pour la période allant de 2004 à 2011 et Jean-François Jalkh entre 2009 et 2014.

Une nouvelle audition doit avoir lieu "sans doute fin octobre", "pour rentrer plus dans le détail" des faits qui lui sont reprochés, a précisé Me Joachim. Selon l'entourage de M. Le Pen, il pourrait être entendu le 25 octobre.

"Instigateur"

Déjà convoqué le 11 avril dans cette affaire, M. Le Pen, qui a été exclu du FN en 2015 après des propos polémiques sur la Shoah, avait refusé de se rendre chez les juges, se considérant encore protégé par son immunité d'eurodéputé. Cette dernière avait pourtant été levée par le Parlement européen, à la demande de la justice française, le 12 mars.

Les magistrats instructeurs soupçonnent le RN et ses dirigeants d'avoir mis en place "de manière concertée et délibérée" un "système de détournement" des enveloppes allouées par l'UE à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires, afin de permettre au parti de faire des économies sur ses salaires.

Le préjudice a été estimé par le Parlement européen à près de 7 millions d'euros pour la période 2009-2017.

"On veut le présenter comme l'instigateur et le grand génie d'un système financier au profit du Front national", a déclaré Me Joachim, dénonçant une "incursion du pouvoir judiciaire dans le pouvoir législatif".

"La France est le seul pays en Europe où il y a une procédure pénale pour une utilisation +non conforme+ des fonds alloués aux assistants", a affirmé son confrère, Me François Wagner, niant tout détournement de fonds publics.

"Il n'y a pas eu d'emplois fictifs", a-t-il assuré. "Les gens ont travaillé, de façon privée. Le grief principal, c'est d'avoir travaillé pour le Front".

Dans ce dossier, une vingtaine de mises en examen ont été prononcées, dont celle de Marine Le Pen, présidente du RN et fille de M. Le Pen, l'ex-compagnon de cette dernière Louis Aliot ou encore le trésorier du parti Wallerand de Saint-Just, pour "détournement de fonds publics" ou complicité.

Le RN est lui aussi poursuivi dans cette enquête, vivement contestée par le parti et sa présidente, mais que la Cour de cassation a validée le 19 février dernier.

Le Modem et LFI sont aussi visés par des enquêtes sur l'emploi présumé fictif d'assistants parlementaires européens. Plusieurs cadres du Modem, dont François Bayrou et Marielle de Sarnez, ont été entendus cette semaine par des enquêteurs.

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