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Tuerie à la préfecture de police de Paris : un fanatisme et des failles

Mickaël Harpon, qui a tué quatre personnes jeudi 3 octobre dernier, avait des contacts avec des membres de la mouvance salafiste de l'islam.[AFP]

Passé le choc et l’émotion après l’attaque au couteau qui a fait quatre morts, jeudi à la préfecture de police de Paris, l’heure est désormais aux questions. Face aux nombreux signes de radicalisation islamiste de l’auteur de la tuerie, les dysfonctionnements sont pointés du doigt. La facilité avec laquelle l’homme a pu continuer à évoluer au sein d’un service dont l’une des missions est justement de lutter contre l’extrémisme est notamment au cœur des inquiétudes.

Le profil de Mickaël Harpon, identifié comme l’auteur des meurtres, est passé au crible par les services de renseignement depuis jeudi. Et il laisse peu de place au doute. L’homme «aurait adhéré à une vision radicale de l’islam» et avait des contacts avec des individus de la «mouvance salafiste», a affirmé samedi le procureur de la section antiterroriste de Paris, Jean-François Ricard. Il s’était converti il y a une dizaine d’années, selon le magistrat, et s’était fait remarquer auprès de ses collègues pour avoir cautionné l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015, approuvé des exactions commises au nom de l’islam ou refusé certains contacts avec des femmes.

Un profil et une habilitation secret-défense qui questionnent

Dernière évolution en date, il avait changé d’habitudes vestimentaires pour se rendre à la mosquée, en portant une tenue traditionnelle. Face à l’accumulation de ces signaux, les questions se multiplient pour comprendre comment un tel individu a pu passer au travers des mailles du filet. D’autant que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, se félicitait encore en juin dernier de la qualité des dispositifs mis en place pour lutter contre la radicalisation dans les services publics et amplifié par le gouvernement actuel avec la loi Silt (loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, promulguée en octobre 2017).

Or, malgré les moyens mis en place et les indices qui se multipliaient, Mickaël Harpon n’a jamais été fiché par le renseignement. Il a ainsi pu continuer à exercer comme informaticien au sein de la DRPP (direction du renseignement de la préfecture de police de Paris), un service pourtant placé au cœur du système français de la lutte contre le terrorisme. Chose incroyable vu son pedigree, ce poste lui permettait d’être habilité secret-défense. Il avait ainsi accès à des informations ultrasensibles sur l’islam radical et pouvait même connaître les adresses personnelles des policiers. Des données qu’il a pu transmettre à des personnes extérieures, ce qui inquiète fortement les fonctionnaires.

L’exécutif reconnaît des erreurs

Face à l’accumulation de révélations qui mettent à mal le dispositif de détection de la radicalisation, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de faire son mea culpa. Christophe Castaner a reconnu hier «des failles» dans le système, en indiquant qu’un «dysfonctionnement» avait eu lieu lorsque des collègues du tueur n’ont pas jugé bon de le signaler au service dédié. Rappelant garder «toute confiance» en son ministre de l’Intérieur, Edouard Philippe a lui indiqué que deux missions sur la détection du radicalisme religieux parmi les agents chargés de la lutte antiterroriste seront réalisées, pour «resserrer les mailles du filet». Suffisant pour éviter qu’une tuerie comme celle de jeudi dernier ne se reproduise ?

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