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Paris : pourquoi le métro est-il devenu le principal centre d'accueil des sans-abri ?

Le «Recueil social» de la RATP a été créé il y a 25 ans. Le «Recueil social» de la RATP a été créé il y a 25 ans.[© Martin BUREAU / AFP]

Alors qu'entre 200 et 350 sans-abri dorment quotidiennement dans les sous-sols du métro, selon une enquête du Samu social dévoilée ce lundi 18 novembre, les raisons de leur présence sont multiples et complexes.

Cette réalité dépend des aléas climatiques évidemment, mais pas que. En effet, selon les conclusions de l'étude, le métro est désormais devenu pour ces sans-abri un vrai «lieu de halte, de refuge et de vie où ils travaillent [ils mendient, ndlr] et font des rencontres».

Ces derniers ont d'ailleurs un profil très spécifique, encore plus précarisés que les SDF vivant à la surface : ils sont plus plus âgés (les trois quarts ont plus de 45 ans), sont en errance depuis plus longtemps et reçoivent moins d'aides. De plus, 6,7 % des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête déclarent même ne plus avoir aucun contact avec le monde extérieur, tandis que 10 % sont sans logement depuis au moins dix ans.

Un regroupement dans les grosses stations

Plus qu'un abri contre la pluie et le froid, le métro est donc devenu pour eux un lieu d'habitation et de socialisation. Ainsi, si la présence de ces sans-abri est diffuse dans tout Paris, ils ne sont présents que là où d'autres se trouvent déjà. Ce qui explique pourquoi on ne trouve aucun SDF «dans une station sur deux», explique à ce sujet Erwan Le Méner, le directeur adjoint de l'Observatoire du Samu social.

Car selon l'étude, ces sans-abri se regroupent à plusieurs et «dorment principalement dans les grandes stations et échangeurs du réseau» (Auber-Opéra, Nation, République, Charles-de-Gaulle-Etoile, Châtelet, Saint-Lazare, Strasbourg-Saint-Denis). Et cette occupation dépend de la propreté de la station mais également de la sécurité qu'ils y trouvent ou encore des associations qui y oeuvrent.

Par ailleurs, selon Erwan Le Méner, beaucoup de ces sans-abri s'installent également «dans les stations qui correspondent à leur vie passée», près de leur ancien quartier ou de leur bar fétiche par exemple, ou encore en raison «des expériences heureuses ou malencontreuses» qu'ils y ont faites. En somme, ces derniers se «sédentarisent» en fonction des amitiés qu'ils ont créées, et de leur passé.

La tolérance de la RATP

Une réalité devant laquelle la RATP choisit de «fermer les yeux», notamment en raison de la difficulté à trouver des solutions. La régie a d'ailleurs créé, dès 1994, un «Recueil social». Cette équipe d'une soixantaine d'agents bénévoles formés spécialement travaille 365 jours par an, 24h sur 24.

Au total, les agents rencontrent 160 sans-abri par jour, «dont près des trois-quarts acceptent l'accompagnement qui leur est proposé en dehors des espaces de la RATP». Cette année, le plan d'action de la régie a d'ailleurs évolué pour mettre en place des actions de prise en charge sanitaire et d'autres dédiées au public féminin. 

Sauf qu'il s'agit souvent d'accueils de jour, qui ferment leurs portes quand vient la nuit. Dont le plus important de ces lieux, situé à Charenton (94), vient de fermer définitivement ses portes après une décision de la ville, a regretté Catherine Guillouard, la PDG de la RATP. C'est à ce moment-là, quand la nuit tombe, que les sans-abri rejoignent le métro et viennent y dormir.

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